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Genève, capitale de l’Amérique latine pour un soir

Geneva
Victoria Hall
09/21/2019 -  
Johann Sebastian Bach: Suite française n° 5, BWV 816 – Partita pour violon n° 2, BWV 1004: Chaconne (transcription Ferruccio Busoni) – Prélude en si mineur, BWV 855a (transcription Alexandre Siloti) – Wir danken dir, Gott, BWV 29: Sinfonia (transcription Wilhelm Kempff)
Gabriela Montero: Improvisations – RéInventions

Gabriela Montero (piano), Juan Esteban Martinez (clarinette), Ricardo Alberto Puche Bravo (contrebasse), Alirio Torrealba, Maximiliano Polo (percussions)


Ce n’est pas la première fois que Gabriela Montero se produit à Genève. Une des raisons de sa venue est l’attachement qu’elle porte à deux ONG locales, Karuna-Shechen et OneAction, cette soirée ayant pour objectif de lever des fonds pour ces deux associations.


Le fil conducteur de ce programme est la musique de Bach. Même l’on associe plus la pianiste vénézuélienne à ses lectures de compositeurs romantiques, un bon nombre de ses improvisations sont soit sur des thèmes de Bach, soit des fugues ou font simplement preuve d’une qualité de construction qui est dans l’esprit du cantor de Leipzig. La Cinquième Suite française utilise bien tout le potentiel du piano : soin du legato, utilisation de la pédale... Voici une lecture dans un esprit classique et dans un style décomplexé que ne reconnaîtraient pas les amateurs des pratiques baroques. C’est encore plus le cas dans la transcription de Busoni de la fameuse Chaconne avec des jeux d’octaves impressionnants et une dynamique quasi symphonique. Les mélomanes habitués des transcriptions de Bach connaissent peut-être celle que Brahms a réalisée pour la main gauche seule. Elle figure sur un CD que joue Igor Levit, alter ego de Gabriela Montero dans ses engagements politiques avec qui elle a récemment joué le Double Concerto de Mozart.


Gabriela Montero retrouve en seconde partie d’autres complices en la personne de superbes musiciens d’Amérique latine. Ses RéInventions sont des pièces inspirées de la musique de Bach écrites – et donc non improvisées – pour un ensemble comprenant piano, clarinette, contrebasse et percussions. Il y a bien évidemment des pièces inspirés par les rythmes des musiques d’Amérique latine mais on y découvre aussi des passages assez modernes aux harmonies assez hardies, d’autres aux couleurs debussystes... La qualité de la mise en place est assez remarquable en dépit du niveau instrumental élevé que demande Gabriela Montero aux membres de son ensemble, voire à elle-même au piano. Mais au-delà de la réelle virtuosité devant tant de styles, ce qui est ressort, c’est la vitalité rythmique, la richesse des couleurs, la générosité du jeu et une suprême élégance toute latine.


Très applaudis par un public attentif, jeune et aux accents si variés, les musiciens improvisent à cinq dans un final ébouriffant plein d’une joie complice et communicative.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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