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A la hauteur des attentes

Beaune
Basilique Notre-Dame
07/26/2019 -  et 15 novembre 2019 (Versailles)
Jean-Philippe Rameau : Les Indes galantes
Emmanuelle de Negri (Emilie, Phani), Philippe Talbot (Valère, Carlos, Damon), Luigi de Donato (Bellone, Huascar, Alvar), Guillaume Andrieux (Osman, Adario), Ana Quintans (Hébé, Zima), Julie Roset (Amour)
La Chapelle harmonique, Valentin Tournet (direction musicale)




A seulement 23 ans, le jeune chef français Valentin Tournet fait partie de ces phénomènes que l’on découvre toujours avec un mélange d’admiration et de scepticisme: parvenir, à un âge aussi jeune, à créer son ensemble baroque (voilà deux ans) et être déjà soutenu par la fondation Singer-Polignac, Auvers-sur-Oise et Beaune, entre autres, ne peut manquer d’impressionner. Le résultat entendu est à la hauteur des attentes, tout particulièrement au niveau technique, même si l’on ne peut qu’inciter l’ancien gambiste à quitter les rives d’une direction un rien trop uniforme, en variant davantage les nuances, surtout dans les passages lents. Quoi qu’il en soit, le travail sur la clarté des différents groupes d’instrument est notable, tout comme le style, entre noblesse et virilité, en un tempo assez vif. L’ancien élève de Pierre Cao n’évite pas quelques infimes décalages avec les solistes, inhérents à l’ivresse du concert, même si l’articulation est plus fluide avec le chœur, aux visages aussi juvéniles que l’ensemble orchestral. Comme les solistes, le chœur montre une belle attention à la diction, avec des pupitres féminins particulièrement bien affûtés.



V. Tournet (de dos), E. de Negri (© Jean-Claude Cottier)


La version choisie des Indes galantes, celle de 1761, pourra surprendre les habitués, avec le remplacement de l’Entrée des Fleurs au profit de celle des Sauvages. On notera toutefois que le Prologue a été augmenté du rôle de l’Amour, habituellement supprimé. Dans la chaleur étouffante de la basilique, les excellents solistes réunis s’emparent de l’ouvrage avec une belle énergie et une volonté manifeste de dépasser la seule version de concert: le jeu minimal ainsi offert donne à voir de nombreux jeux de regards et mines narquoises pendant le prologue, avant que chaque entrée ne fasse valoir sa spécificité, le tout avec l’apport des surtitres. Le plateau vocal, essentiellement francophone, montre une attention bienvenue à la diction, essentielle dans cet ouvrage déclamatoire à mi-chemin entre théâtre et opéra.


Ana Quintans (Hébé, Zima) s’impose comme une valeur sûre pendant toute la représentation, autour d’aigus rayonnants et d’une émission soyeuse, par ailleurs superbe d’intensité dramatique au II. A ses côtés, Emmanuelle de Negri (Emilie, Phani) n’est pas en reste avec une aisance technique qui lui permet de multiples finesses dans son ornementation: un régal de précision et de détail. Julie Roset (Amour) se montre tout autant engagée que ces deux aînées, faisant valoir des phrasés d’une belle rondeur, même si on note quelques petites inexactitudes de placement de voix en tout début de soirée. Philippe Talbot (Valère, Carlos, Damon) met également un peu de temps à se chauffer, surtout dans les difficiles premières accélérations, avant de se rattraper par l’éclat de sa diction. Si les phrasés de Guillaume Andrieux (Osman, Adario) manquent de naturel, du fait d’une technique audible, il domine toutefois sa partie sans difficultés, malgré un léger manque de graves. Aucun problème d’étendue de tessiture pour Luigi de Donato (Bellone, Huascar, Alvar), impressionnant d’autorité et de puissance, malgré la diction perfectible. Il est vrai que l’apport des surtitres aura su nous faire oublier ce léger désagrément pendant toute la représentation, à l’issue de laquelle Valentin Tournet bisse la célèbre danse du Grand calumet de la paix, issue de l’Entrée des Sauvages, pour le plus grand plaisir de l’assistance.


Le site du Festival international d’opéra baroque et romantique de Beaune



Florent Coudeyrat

 

 

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