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Arrêt sur image

Verbier
Eglise
07/21/2019 -  
Georg Friedrich Haendel : Tolomeo, rè d’Egitto, HWV 25: «Che più si tarda omai... inumano fratel... Stille amare» – Rodelinda, HWV 19: «Un zeffiro spiro» – Rinaldo, HWV 7: «Siam prossimi al porto»
Henry Purcell : Oedipus, Z. 583: 2. «Music for a while» – If music be the food of love, Z. 379 – King Arthur, Z. 628: «What power art thou» – Come Ye Sons of Art, Z. 323: 5. «Strike the viol»
Karol Szymanowski : Piesni Kurpiowskie, opus 58: 1. «Lecioly zórazie», 2. «Wysla burzycka», 3. «Uwoz mamo» & 4. «U jeziorecka»
Tadeusz Baird : Cztery sonety milosne do slów Williama Szekspira
Pawel Lukaszewski : Trzy Piesni: 1. «Jesien»

Jakub Józef Orlinski (contre-ténor), Michal Biel (piano)


J. J. Orlinski (© Anita Wąsik)


Pour ses débuts au Festival de Verbier, le contre-ténor polonais Jakub Józef Orlinski, 28 ans et déjà une gloire internationale que l’on s’arrache, remplissait l’Eglise d’un public conquis d’avance qui lui a réservé d’emblée un accueil triomphal.


Arrêt sur image: ce très jeune artiste polonais dont on dit qu’il secoue le club désormais moins fermé des chanteurs mâles à voix suraiguë, bouscule certainement les codes du concert. Avec son passé de mannequin et le physique qui va avec, ses compétences en breakdance qui lui ont fait remporter plusieurs compétions et une incroyable aisance scénique, Orlinski met instantanément le public dans sa poche. Sourire ravageur, jeu de scène étudié et cette façon que n’ont que les bons comédiens de donner à chaque spectateur l’impression qu’ils ne regardent que lui. Il s’est fait connaître internationalement grâce à une vidéo sur YouTube d’un air d’Il Giustino de Vivaldi enregistré au festival d’Aix 2017 dans une tenue estivale décontractée qui lui a valu un tabac – près de quatre millions de vues. Ses apparitions à la télévision française (Victoires de la musique en 2018, concert de Paris en 2019) démontrent qu’il maîtrise parfaitement son image. Il s’est déjà entouré de collaborateurs qui soignent cet aspect de sa carrière et même son futur qui passera par l’adaptation des airs du répertoire baroque pour des clips vidéo. Bref, on est déjà dans une autre dimension de l’interprétation musicale, dans laquelle aucun de ses prédécesseurs dans ce genre précis n’avait donné.


Mais comme concert il y avait, revenons aux valeurs purement musicales. La première partie de ce récital était consacrée à l’opéra, principalement Haendel, qui est, avec Vivaldi, son répertoire de prédilection (il vient de décrocher, après une défection, le rôle- titre de Rinaldo au Festival de Glyndebourne 2019 alors qu’il devait y chanter le rôle secondaire d’Eustazio) et Purcell. Après avoir entendu trois airs, successivement de Tolemeo, Rodelinda et Rinaldo, très bien incarnés avec une belle musicalité, une voix à la dynamique remarquable et encore une fois un incontestable art de la scène, il faut bien se rendre à l’évidence, la technique de ce chant baroque souffre de lacunes indéniables. Les codes de cette musique reposent sur une exécution parfaite des ornements, trilles et autres fioritures qui en sont l’essence, la longueur du souffle permettant d’arriver sans faillir au bout des phrases, un phrasé impeccable qui passe par une articulation et une prononciation parfaites et une technique de la falsettisation de la voix infaillible. Orlinski ne coche complètement aucune de ces cases. Aucun des contre-ténors de la génération qui le précède et de celle encore en activité ne nous ont habitués à ce niveau d’imperfection.


On pourrait en dire de même pour Purcell, qui demande aussi une technique et une articulation particulières et un style dont on était loin du compte même si la musicalité de l’interprétation est indéniable. Il n’était pas très aidé par Michal Biel, dont l’accompagnement n’était pas orchestral mais plutôt linéaire.


La seconde partie du concert montrait le chanteur polonais dans un répertoire radicalement différent, chantant des mélodies polonaises du XXe siècle. Szymanowski, Baird et Lukaszewski permettaient de découvrir un chanteur plus à l’aise dans sa tessiture d’alto, donnant à toutes ces mélodies pour la plupart élégiaques et nostalgiques une intensité et une sobriété admirables qui contrastait avec l’opéra de la première partie.


Mais comme c’est ce que le public retiendra de lui et veut entendre, Orlinski est revenu avec l’air d’Anastasio «Vedrò con mio diletto» du Giustino de Vivaldi, un peu plus allégé que dans la version aixoise.



Olivier Brunel

 

 

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