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Une harpe sur le sable

Royan
Saint-Sulpice-de-Royan (Temple protestant)
07/18/2019 -  
Domenico Scarlatti : Sonate en mi mineur, K. 81
Gabriel Fauré : Une châtelaine en sa tour, opus 110
Jean Cras : Deux Impromptus
Johannes Brahms : Fantaisies, opus 116: 2. Intermezzo (Andante) – Intermezzi, opus 117: 2. Andante non troppo e con molto espressione
Manuel de Falla : Danza de la Vida breve

Léo Doumène (harpe)




Inaugurés en 1989, les Jeudis musicaux de Royan (et de son agglomération) fêtent cette année leur trente et unième anniversaire, et ce ne sont pas moins de trente-trois concerts dans les trente-trois communes de l’agglomération royannaise qui sont proposés à un public mêlant locaux et touristes. L’affiche est particulièrement alléchante cet été (concerts entre le 6 juin et le 19 septembre), le festival n’ayant rien à envier à certaines manifestations plus prestigieuses ou médiatisées. Yann Le Calvé, le directeur artistique de la manifestation charentaise, a ainsi pu réunir des artistes ou formations tels que Camille Thomas, l’ensemble Hespèrion XXI dirigé par Jordi Savall, Bertrand Chamayou, Biréli Lagrène, la Quatuor Arod, l’étonnant duo formé par Vassilena Serafimova et Thomas Enhco ou encore le jeune harpiste Léo Doumène, sur lequel notre choix s’est arrêté.


Ce jeune harpiste français de 25 ans a intégré la classe d’Isabelle Moretti au Conservatoire national supérieur de musique de Paris en 2013 et sa carrière prend doucement son envol. Fait étonnant, alors que la littérature harpistique n’est pas si réduite que cela, ce sont essentiellement des transcriptions tirées du répertoire pianistique qu’il met à son programme ce soir. Précisons également que, de manière très didactique, l’instrumentiste a un mot d’explication (et de contextualisation) pour l’audience avant chaque pièce, et celui-ci semble visiblement apprécier la démarche. Il débute le concert avec la Sonate K. 81 de Scarlatti dont il relève, avec beaucoup d’élégance, le charme primesautier. Il s’attaque ensuite à de rares pièces de Fauré (Une châtelaine en sa tour) et de Jean Cras (Deux Impromptus), où son impressionnante technique projette son interprétation dans l’évidence: pas une note qui ne soit ressentie, ni un trait qui ne soit cadencé. Sans rupture aucune, son jeu coule comme des perles sur de la soie. Se balançant avec son instrument, il respire au rythme de sa musique, se laissant emporter aux harmonies des ouvrages qu’il interprète. On retrouve la littérature pianistique avec une transcription de deux pièces pour piano des Opus 116 et Opus 117 de Brahms. Avec un toucher aussi moelleux, une présence musicale aussi riche, on atteint un vrai moment de grâce, pour ces pages tout en délicatesse. Le public, subjugué à la fois par l’instrument et par l’interprète, retient son souffle, et quand les ultimes notes du compositeur allemand s’éteignent sous les voûtes du superbe temple octogonal, le silence continue la musique pendant quelques moments encore... avant que les premiers applaudissements couronnent le triomphe du jeune artiste.


En bis, il donne la trépidante Danse de La Vie brève de Falla, et nous fait à nouveau une démonstration harpistique de grand talent, sachant à chaque fois imposer sa version. Un talent à suivre!



Emmanuel Andrieu

 

 

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