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Le confort moderne

Paris
Théâtre du Châtelet
11/26/2001 -  et 29 novembre, 2 décembre 2001
Kaija Saariaho : L’Amour de loin
Dawn Upshaw (Clémence), Lilli Paasikivi (Le Pèlerin), Gerald Finley (Jaufré Rudel)
Chœur Accentus, Orchestre de Paris, Kent Nagano (direction)
Peter Sellars (mise en scène)


Coproduit avec le Festival de Salzbourg, L’Amour de loin y a obtenu, lors de sa création en août 2000, «un énorme succès», nous disent le programme et les coupures de presse. Le public de Salzbourg, que tout le monde (y compris l’ancien directeur du festival, Gérard Mortier) brocarde volontiers pour son conservatisme, son manque d’ouverture, son étroitesse d’esprit, est ici appelé à la rescousse et son jugement respecté dans un bizarre retournement. Mais si un public jugé «réactionnaire» apprécie l’opéra de Kaija Saariaho (née en 1952), cela devrait plutôt sembler inquiétant ! Et effectivement, comment qualifier la musique de la compositrice finlandaise par un autre terme que «confortable». Le son est rond, plein, chaud, coloré, c’est doucement mélodique, la musique de Saariaho est chaleureuse, chatoyante, accueillante, matricielle pourrions nous dire, mais sans questionnement, sans enjeu, sans force. Le fondu orchestral devient ici une fin en soi, un refuge traduisant la peur ou l’incapacité à construire, à prendre des risques, à confronter, en un mot à agir. C’est confortable comme un bon fauteuil club anglais, mais sans le cigare et le whisky, sans ce qui excite les sens et les oblige à affiner leurs perceptions, à interroger leurs sensations. Les deux heures passent un peu longuement mais sans problème, le livret d’Amin Maalouf, dénué de force dramatique, étant, en cela, en adéquation avec la musique, même si, encore une fois, on cherche à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, c’est à dire un oratorio pour un opéra. Le label «Ircam» parachevant le subterfuge de nous faire considérer cela pour de la «bonne» musique contemporaine alors que ce n’en est qu’une «troisième ou quatrième pression» comme dirait Boulez de Chostakovitch par rapport à Mahler en les comparant à la fabrication de l’huile d’olive (on ne partage pas ce jugement, mais l’image est judicieuse). La proximité dans le temps d’incontestables réussites comme Trois Sœurs de Eötvös, El Nino de Adams, K... de Manoury ou Wintermärchen de Boesmans nous retient d’éprouver le grand frisson pour cette œuvre lyrique au sujet pourtant passionnant (l’amour courtois). L’excellence de l’interprétation, notamment la lumineuse et irradiante Dawn Upshaw, soutient l’attention, le travail scénique de Peter Sellars également, économe et limpide, même s’il oblige Clémence à s’allonger dans l’eau lors de la scène finale (si elle est enrhumée pour les prochaines représentations, on saura pourquoi !).




Philippe Herlin

 

 

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