About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

L’éternité et l’urgence

Paris
Salle Pleyel
11/20/2001 -  

Franz Schubert : Symphonie n° 8, D. 759 « Inachevée »
Leos Janacek : Messe glagolitique (nouvelle édition, création française)



Elena Prokina (soprano), Delphine Haidan (mezzo), Peter Straka (ténor), Michail Ryssov (basse)
Chœur de Radio France, Philip White (chef de chœur associé)
Orchestre philharmonique de Radio France, Myung-Whun Chung (direction)

Comme l’on pouvait s’y attendre de la part d’un chef ennemi de toute routine, la Symphonie Inachevée de Schubert se hasarde hors des sentiers battus: hors du temps, avec un premier mouvement rhapsodique, dont la fragilité du second thème est particulièrement mise en valeur; seul le développement donne lieu à un vigoureux dramatisme, toujours empli de rigueur et fuyant la larme facile. Hors du tempo, également, avec une lenteur qui s’autorise ici ou là quelques rubatos et qui établit une continuité avec le second mouvement. Ici, la simplicité du chant répond à l’économie des gestes de Chung.


Une fenêtre sur l’éternité dans cette approche sans doute plus religieuse que celle de... la Messe glagolitique de Janacek. Le paradoxe n’est qu’apparent, car le compositeur parlait lui-même à son propos de « messe laïque », tandis que Kundera, cité dans l’excellente notice de Jean-François Boukobza, n’hésite pas à évoquer « une orgie plutôt qu’une messe ».


Retour aux sources, qui plus est, à l’occasion de ce concert, avec la création française de la « nouvelle version » (en fait, le texte original) de cette messe. Différences notables par rapport à l’édition de 1929 retenue jusqu’alors par défaut: la fougueuse Intrada, qui n’était jouée qu’en... conclusion, ouvre et ferme désormais la messe; l’Introduction solennelle, qui apparaît donc aujourd’hui en deuxième position, présente un contrepoint substantiellement enrichi; enfin, les aménagements que les éditeurs et le compositeur lui-même avaient dû consentir compte tenu des limites des instruments ont pu être abandonnés, notamment pour les notes aiguës dévolues aux timbales, si typiques de l’écriture de Janacek.


D’une virtuosité échevelée (l’Intrada traduit une vertigineuse prise de risque), Chung, d’ordinaire si enclin au mysticisme, laisse pantois par des tempi fulgurants et par une intransigeance de tous les instants, qui refuse le spectaculaire comme une fin en soi et souligne au contraire les aspects originaux de cette partition hors du commun. Le chœur et l’orchestre s’y taillent un succès mérité, tandis que les solistes, dont deux remplaçants de dernière minute, Elena Prokina et Peter Straka, se tirent admirablement des parties quasi inhumaines que leur destine Janacek.




Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com