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Les limites du « guest-conducting »

Geneva
Victoria Hall
05/01/2019 -  et 2 (Lausanne), 3, 4 (Genève) mai 2019
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n° 3, opus 37
Dimitri Chostakovitch: Symphonie n° 7 “Leningrad”, opus 60

Saleem Ashkar (piano)
Orchestre de la Suisse Romande, David Afkham (direction)


D. Afkham (© Gisela Schenker)


C’est toujours un exercice délicat que de faire venir pour la première fois un chef voire un soliste nouveau qui découvre pour la première fois un ensemble et une nouvelle salle. Il y avait dans cette soirée la marque d’artistes prometteurs et talentueux ainsi que de beaucoup de travail mais le résultat s’est avéré à plusieurs reprises un peu frustrant.


Le Troisième Concerto pour piano de Beethoven a été programmé par l’OSR en janvier 2016. A cette occasion, nous avions pu apprécier la conception chambriste mais un peu neutre de David Fray. Ce n’est pas une telle perspective que cherche à faire ressortir Saleem Ashkar. Le pianiste israélo-palestinien est un beethovénien puissant dont les options, une certaine recherche de grandeur et de dramatisme, le mettent dans la lignée de ce que faisait dans ce même répertoire un Gilels. L’orchestre n’est pas tout à fait au diapason cependant. Les rubatos du pianiste semblent à plusieurs reprises surprendre David Afkham. Le jeune chef allemand démarre ce concerto dans une optique à la Haydn. La musique justifie une telle approche mais son pianiste est déjà en train de percevoir ce que Beethoven va donner dans son dernier concerto. Les cordes manquent un peu de précision et de couleur dans le premier mouvement. Les bois sont en revanche présents et le dialogue entre eux et le piano dans la partie centrale du Largo est de toute beauté. Très applaudi, Saleem Ashkar donne en bis la «Rêverie» des Scènes d’enfants de Schumann. A nouveau, la conduite de la ligne est très belle mais les trois derniers accords, pris à un tempo soudainement très lent, surprennent.


Ce n’est pas la première fois que l’OSR donne la monumentale Septième Symphonie «Leningrad» de Chostakovitch. Vasily Petrenko l’avait dirigée en 2012. Il en avait donné une lecture de grande qualité, pour laquelle l’acoustique de Victoria Hall, salle plutôt adaptée aux formations de chambre, avait été améliorée par la présence de rideaux de velours au deuxième étage. Il faut très probablement regretter que David Afkham n’ait pu bénéficier de ce même dispositif. En dépit de la qualité réelle de la mise en place et des équilibres, le son sature à plusieurs reprises dans une salle inadaptée. La conclusion du premier mouvement (Allegretto) est exagérément forte. Un autre problème inhérent à cette œuvre est que c’est une longue pièce très difficile. On devine le travail dont cette symphonie a dû être l’objet en répétitions mais les musiciens semblent surtout attentifs à leurs parties et ce au détriment de l’expression. C’est une lecture propre et intègre qui nous est donnée mais cette symphonie devrait apporter plus. Les cordes ne trouvent pas cette expression un peu désolée qui est si typique de la musique de Chostakovitch, ni l’ambiguïté qui la caractérise et en fait sa richesse.


Certains passages sont plus satisfaisants comme le solo du hautbois de l’Adagio joué avec beaucoup de musicalité par Clarisse Moreau, les interventions remarquables du tuba de Ross Knight, ou la transition entre les deux derniers mouvements mais il manque quelque chose, peut-être un peu plus de temps, un peu plus de connaissance mutuelle entre le chef, l’orchestre et cette salle.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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