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Noblesse d’Empire

Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence
04/27/2019 -  
Ludwig van Beethoven: Concertos pour piano n° 1 en do majeur, opus 15, et n° 5 en mi bémol majeur «L’Empereur», opus 73
Sächsische Staatskapelle Dresden, Rudolf Buchbinder (piano et direction musicale)


R. Buchbinder (© Caroline Doutre)


Avant-derniers concerts du millésime 2019, le Festival de Pâques d’Aix-en-Provence a proposé hier l’intégrale des concertos pour piano de Beethoven. Les Deuxième, Troisième, et Quatrième à onze heures le matin, et les Premier et Cinquième le soir. L’affiche est luxueuse puisqu’on y trouve le pianiste Rudolf Buchbinder accompagné par la Staatskapelle de Dresde.


Conforme à sa réputation de pianiste «intellectuel», Rudolf Buchbinder livre, en grand seigneur, une interprétation des Deuxième et Cinquième Concertos pour piano tout en profondeur, spontanéité et noblesse. On connait ce musicien pour sa méfiance des épanchements flamboyants et il n’a pas failli hier soir à n’y pas sombrer. Dirigeant depuis son clavier, la tentation aurait pu être forte de s’approprier ces concertos et d’en faire, comme beaucoup, un exercice solitaire; mais voilà, on ne prend pas la Staatskapelle de Dresde pour quantité négligeable. La technique est immaculée, distancée parfois, et les accords plaqués et arpégés sonnent un peu sèchement dans l’Allegro du Cinquième. Le toucher est néanmoins admirable et les lignes pianistiques d’une grande élégance. Le «joué-dirigé» évite les compromis exigés par un chef, et laisse à l’orchestre une plus grande mobilité dont ne se prive pas cette merveilleuse phalange. Un véritable discours s’installe, non seulement entre Buchbinder et l’orchestre, mais également entre les pupitres. Témoins ces superbes échanges entre cordes et bois dans l’Allegro con brio du Premier Concerto, ou dans l’Adagio du Cinquième, ce dernier exécuté sans clinquant ni afféterie. On se laisse emporter, non seulement par les sonorités opulentes de l’orchestre, mais aussi par cette connivence subtile, cette écoute entre les pupitres faite de bonds et de rebonds. Le discours est limpide et les articulations clairement perceptibles. Le rythme coule sans heurts, la musique respire dans un ensemble solidement charpenté. Si le début du concert faisait craindre une interprétation un peu sèche et immatérielle, cette impression est vite dissipée. Le résultat est un vrai travail d’orfèvres qui a valu à ces musiciens d’exception le triomphe des grands soirs.



Christian Dalzon

 

 

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