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Un maître de l’orchestre

Paris
Philharmonie
03/20/2019 -  et 21* mars 2019
Maurice Ravel : Une barque sur l’océan
Edward Elgar : Concerto pour violoncelle, opus 85
Richard Strauss : Ein Heldenleben, opus 40

Truls Mørk (violoncelle)
Orchestre de Paris, David Zinman (direction)


D. Zinman (© Priska Ketterer)


David Zinman, c’est du solide, un chef un peu à l’ancienne, au métier acquis auprès des grands d’autrefois – il assista Pierre Monteux. Le bras est sûr, la tenue de l’orchestre impeccable, rien ne lui échappe. Une barque sur l’océan perd avec lui son impressionnisme vaporeux, il en assombrit les couleurs, auxquelles, à l’inverse de beaucoup, il ne sacrifie pas le rythme. Le Miroir devient un poème symphonique, baignant dans un onirisme crépusculaire, mais un peu corseté par cette baguette implacable et lente.


La lenteur va ensuite déstructurer le Concerto pour violoncelle d’Elgar, qui se dépouille ici de son romantisme flamboyant, le premier mouvement se muant en ballade désespérée. Certes la partition, écrite entre 1918 et 1919, pourrait tenir, à sa façon, d’un War Requiem avant l’heure. Mais la forme s’en délite et Truls Mørk ne semble pas toujours à l’unisson, comme s’il était retenu par l’orchestre. Lui est superbe, par la plénitude et la rondeur d’une sonorité toujours magnifiquement timbrée, du grave à l’aigu, jusque dans les nuances les plus douces – on lui connaît ici peu de rivaux. Et le lyrisme intense de l’interprétation reste intériorisé, rebelle à l’effet, faisant de l’Adagio un superbe chant d’amour alors que pétille l’Allegro molto – un Scherzo, en réalité.


La lenteur imprègne encore Une vie de héros, où la maîtrise de l’orchestre impressionne. Au prix, sans doute, d’une absence de fantaisie pour les ennemis du héros et les caprices de l’épouse – le violon solo de Philippe Aïche. D’un certain lissage des atmosphères et des contrastes aussi, prix à payer, sans doute, pour la préservation de la continuité du flux et du naturel des transitions, qui, au contraire de l’Elgar, permettent à la musique d’avancer malgré cette lenteur – est-elle, de toute façon, est-elle affaire de métronome ? On adhère du coup à cette lecture grandiose, on admire la densité de la pâte sonore, qui jamais ne brouille lignes ou contrechants, même dans la tonitruante bataille. Et à la fin, le geste, sans cesser d’être impérieux, devient plus généreux, s’ouvrant à la sérénité du héros apaisé. Un superbe moment d’orchestre.



Didier van Moere

 

 

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