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Splendeurs du Bolchoï

Paris
Philharmonie
03/16/2019 -  et 11 (Moscou), 15 (Toulouse) mars 2019
Nikolaï Rimski-Korsakov : La Pskovitaine
Stanislav Trofimov (Ivan le Terrible), Denis Makarov (Youri Ivanovitch Tokmakov), Oleg Dolgov (Mikhaïl Andreïevitch Toutcha), Dinara Alieva (Olga Yourievna Tokmakova), Ivan Maximeyko (Boyard Nikita Matouta, Voix de garde), Nikolai Kazansky (Afanasy Vyazemsky, Yousko Velebine, Le Courrier), Aleksander Borodin (Bomelius), Anna Bondarevskaya (Stepanida Matouta), Elena Manistina (Vlassievna), Svetlana Shilova (Perfilievna)
Chœur du Théâtre Bolchoï de Russie, Valery Borisov (chef de chœur), Orchestre du Théâtre Bolchoï de Russie, Tugan Sokhiev (direction)


T. Sokhiev (© Marco Borggreve)


Créé en 1872, le premier opéra de Rimski-Korsakov fut remanié deux fois avant de connaître sa version définitive, qui révéla en 1896 l’Ivan le terrible de Chaliapine. C’est La Pskovitaine, à laquelle, pour attirer le public, Diaghilev donna le nom du tsar quand il la présenta à Paris en 1909. Olga, la jeune fille de Pskov, est en réalité la fille d’Ivan, qu’il retrouve après avoir cruellement brisé Novgorod. La ville, ainsi, échappe à la destruction... mais Olga, éprise du rebelle Toutcha, mourra d’une balle perdue. Quand il compose la première version, Rimski habite avec Moussorgski... qui écrit Boris. Celui-ci n’est pas loin quand on entend certains chœurs – et l’Intermezzo du premier acte – ou le récitatif mélodique de certains passages, alors que, ailleurs, Rimski adopte une écriture plus propre à l’opéra traditionnel ou emprunte à l’esprit des chants populaires. La partition, pourtant, parvient à l’unité, frappant aussi par cette science de l’orchestre propre au musicien de Schéhérazade – même si « La Forêt, l’orage, la chasse du tsar » doit beaucoup à la Chasse royale des Troyens de Berlioz. Rimski abandonne ensuite l’histoire pour la légende, la féerie ou le fantastique, n’y revenant qu’une fois avec La Fiancée du tsar en 1898, où l’on retrouve Ivan... en figurant.


La Pskovitaine est peu donnée et peu enregistrée – on préférera de très loin l’ancienne version de Simon Sakharov à celle de Valery Gergiev. Et l’on rêverait que le concert de Tugan Sokhiev fût enregistré : le chef du Bolchoï en a donné une version idéale, qui conjugue la grandeur de la fresque et le lyrisme du sentiment, toujours d’une grande clarté, restituant toutes les séductions de l’instrumentation rimskienne. Et il dirige en chef de théâtre, sans le moindre temps mort dans la narration, entretenant une sorte de suspense angoissé – l’opéra en concert vaut ici toutes les productions. L’orchestre et le chœur sont magnifiques, avec de superbes pianissimi des voix féminines. Jusqu’aux petits rôles, la troupe donne le meilleur d’elle-même et de l’opéra. Voix ronde et fruitée, d’une homogénéité parfaite, Dinara Alieva irradie en Olga – frémissant arioso du troisième acte : on comprend l’attendrissement du Terrible. L’accompagne la Vlassievna d’Elena Manistina, Nourrice colorée aux graves nourris. Oleg Dolgov a la vaillance du partisan, mais peut aussi nuancer une ligne très tenue. Les deux basses, elles, impressionnent dès leur rencontre du premier acte, par le timbre et le chant, que ce soit le Tokmakov de Denis Makarov, père adoptif d’Olga, ou le tsar de Stanislav Trofimov – qu’on pourrait d’ailleurs inverser, le premier ayant plus de mordant, le second plus de chaleur dans le timbre, les deux faisant aussitôt penser à Boris et à Pimène. Cet Ivan sobre, ambigu et inquiétant, terrible mais humain, navré à la fin par la mort de sa fille, qui le renvoie à sa solitude, donne finalement raison à Diaghilev.



Didier van Moere

 

 

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