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M comme Mahler... et comme Mazzola

Paris
Philharmonie
03/15/2019 -  et 16 (Maisons-Alfort), 17 (Villejuif) mars 2019
Johann Sebastian Bach : Ich ruf’ zu Dir, Herr Jesu Christ, BWV 639 (orchestration Leopold Stokowski)
Gustav Mahler : Symphonie n° 5

Orchestre national d’Ile-de-France, Enrique Mazzola (direction)


E. Mazzola (© Eric Garault/ONDIF)


Ich ruf’ zu Dir, Herr Jesu Christ orchestré par Leopold Stokowski est-il la meilleure introduction à la Cinquième Symphonie de Mahler? On en doute un peu, à moins de penser aussitôt au célèbre Adagietto. Peut-être Enrique Mazzola a-t-il voulu nous rappeler que Mahler et Stokowski aimaient «arranger». Il nous a fait, en tout cas, penser au chef américain, trop souvent méjugé – éternelle victime du Fantasia de Walt Disney, par le mélange de flamboyance virtuose et de maîtrise totale de l’orchestre. Avouons que nous l’attendions peu dans cette Cinquième… comme nous avions tort!


Il jette sur la partition une lumière latine, parfois presque aveuglante, à l’opposé de la clarté apollinienne d’un Abbado naguère. Voici un Mahler dionysiaque, très narratif, où se construit une dramaturgie, où la cyclothymie ne devient jamais hystérie. Mais si le chef d’opéra n’est pas loin, la forme ne lui échappe jamais, rien ici ne se découd ni se fragmente. On est conquis, ainsi, dès la Marche funèbre, inaugurée par une magnifique trompette solo, où il ose des phrasés presque pucciniens, le lyrisme incandescent de Mahler rejoignant d’emblée celui de l’Italien – qu’il dirigeait et prisait beaucoup. Si le Stürmisch bewegt est convulsif, il reste d’une superbe clarté, avec une attention de chaque instant aux détails de l’instrumentation et des contrastes parfaitement intégrés – magnifique crescendo, également, pour le choral de la fin. On n’attendra pas que le Scherzo lorgne vers Vienne: cela n’aurait pas sa place ici. L’Adagietto, qui flatte plus les cordes que le choral de Bach au début, évite les lenteurs sirupeuses et dose heureusement ses rubatos, chantant comme un Intermezzo d’opéra. La maîtrise de l’orchestre éclate une dernière fois dans le fugato du final, dont chaque voix se dessine et où la direction sait entretenir, du moins au début, un second degré goguenard, ne se laissant pas prendre au piège de l’éclat jubilatoire de la coda.


Soumis à rude épreuve, les musiciens ont rejoint leur chef sur les hauteurs – magnifiques premiers pupitres de vents. A la veille de quitter son orchestre, Enrique Mazzola peut être fier du travail accompli.



Didier van Moere

 

 

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