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Le Lac des doutes

Paris
Opéra Bastille
02/16/2019 -  et 17, 19, 20, 21, 22, 23, 26 février, 1er, 2*, 3, 5, 6, 8, 9, 11, 12, 14, 15, 19 mars 2019
Le Lac des cygnes
Piotr Ilyitch Tchaïkovski (musique), Rudolf Noureev (chorégraphie et mise en scène, d’après Marius Petipa et Lev Ivanov)
Amandine Albisson/Léonore Baulac/Valentine Colasante/Dorothée Gilbert/Myriam Ould-Braham*/Sae Eun Park (Odette/Odile), Mathieu Ganio/Germain Louvet/Florian Magnenet/Hugo Marchand/Paul Marque* (Le Prince Siegfried), François Alu/Thomas Docquir/Axel Magliano*/Jérémy-Loup Quer (Rothbart), Sophie Mayoux*/Gwenaëlle Vauthier (La Reine), Fanny Gorse/Sae Eun Park/Aubane Philbert/Bianca Scudamore*, Alice Catonnet*/Naïs Duboscq/Marine Ganio/Charline Giezendanner/Hannah O’Neill/Ida Viikinkoski, Axel Magliano/Paul Marque/Francesco Mura*/Jérémy-Loup Quer (Pas de trois), Ballet de l’Opéra national de Paris
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Valery Ovsyanikov (direction musicale)
Ezio Frigerio (décors), Franca Squarciapino (costumes), Vinicio Cheli (lumières)


(© Julien Benhamou)


Le Ballet de l’Opéra de Paris reprend l’increvable Lac des Cygnes dont Rudolf Noureev dès sa nomination à la tête de cette compagnie avait fait une chorégraphie en 1984, sa meilleure probablement. Etat des lieux.


Beaucoup d’encre a coulé avant même que ne se lève le rideau sur la 268e représentation à l’Opéra de Paris de ce spectacle qui semble éternel dans les décors et costumes des italiens Ezio Frigerio et Franca Squarciapino, qui a été diffusé dans les cinémas UGC et reste visible sur la chaîne Internet gratuite France.TVculturebox.


Pour commencer, le petit scandale inédit que fut la montée de boucliers des danseurs de la maison contre l’invitation d’une étoile étrangère au Ballet, pas à ce titre car la pratique est courante. Mais on avait invité le très sulfureux danseur russe Sergueï Polounine, fan du Président Poutine au point d’avoir son portrait tatoué sur le corps et surtout responsable de propos homophobes et grossophobes notamment sur une vidéo réalisée par David LaChapelle, dans laquelle il danse sur Take Me to Church de Hozier, un clip vu plus de 26 millions de fois sur YouTube. Cette série de vingt représentations s’est donc faite avec des danseurs «maison» uniquement et là encore on a beaucoup reproché dans la presse et sur les réseaux sociaux à la directrice de la danse, l’étoile Aurélie Dupont, la partialité des choix de ses distributions. N’ayant pu assister aux premières distributions faites de danseurs aguerris, on a pu voir danser un trio de plus jeunes danseurs censés représenter la relève de demain.


Avant de parler de ces solistes, il faut bien faire un état des lieux de la production, que nous n’avions pas vue depuis un long moment et qui accuse un peu ses trente-cinq ans. Pas plus en étant placé très proche de la scène qu’en la regardant sur Culturebox, on peut juger du formidable impact géométrique des danses de genre comme de l’acte blanc (les cygnes) que Noureev avait eu le génie de garder intacts de la version russe de Petipa et Ivanov. Ce qu’il a ajouté de psychologie, de mise en scène personnelle au ballet tient mieux le coup que les décors dont le chic italien a mal passé de Garnier à Bastille. Le corps de ballet nous a semblé beaucoup moins parfait et rigoureux avec un certain laisser-aller inhabituel même en fin de série. L’Orchestre de l’Opéra national de Paris qui accompagne le Ballet n’est pas toujours la même fraction que celui qui joue les nouvelles productions d’opéra. Mais il est très choquant que la différence de qualité et de motivation des musiciens soit si énorme. Ce que l’on a entendu sous la direction de Valery Ovsyanikov frisait trop souvent la routine. Si être un bon chef de ballet consiste à adapter à l’extrême les tempi aux possibilités des danseurs, alors ce chef a dû les satisfaire mais pas les oreilles des spectateurs pour qui cette partition est parmi les meilleures de Tchaïkovski. On n’a jamais entendu John Coleman, ni Simon Hewett ou Vello Pähn se livrer à une telle pratique.


Le couple Siegfried/Odile-Odette que formaient la danseuse-étoile Myriam Ould-Braham (qui l’avait déjà dansé lors de la dernière reprise) et le premier danseur Paul Marque (qui débutait dans le rôle et avait superbement dansé lors des premières représentations le Pas de trois du premier acte) était bien équilibré. Elle, beaucoup plus dans l’introspection que dans le pathos, lui sobre, parfois un peu froid mais pas inexpressif. Tous les deux étaient au niveau des terribles exigences techniques de ces rôles que Noureev a truffés de difficultés, aucun ne tirant la couverture à lui, ni se rendant coupable de cabotinage. Le Wolfgang/Rothbart d’Axel Magliano était une bonne surprise: magnifique danseur avec la grande classe voulue par ce rôle dédoublé par Noureev. Autre surprise: trois excellents sujets pour ce fameux Pas de trois qui est le régal du premier acte: Alice Catonnet, Bianca Scudamore et Francesco Mura étonnant de technique et d’impact. Bien qu’il soit impossible de comparer avec une représentation télévisée, ce choix nous a paru plus intéressant et riche de surprises que celui de la captation.



Olivier Brunel

 

 

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