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Souverains mozartiens

Vienna
Musikverein
02/23/2019 -  et 24* (Wien), 26 (Amsterdam) février, 3 mars (New York) 2019
Joseph Haydn: Symphonie n° 97
Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto pour violon n° 5, KV 219 – Symphonie n° 41 «Jupiter», KV 551

Leonidas Kavakos (violon)
Wiener Philharmoniker, Adám Fischer (direction)


L. Kavakos (© Marco Borggreve)


Voici une brillante édition des concerts d’abonnement, rassemblant deux interprètes régulièrement invités par le Philharmonique de Vienne. Adám Fischer, que nous avions rencontré lors de son dernier passage devant l’orchestre (au Musikverein du moins, car il est beaucoup plus fréquemment présent au Staatsoper, dont il est désormais membre d’honneur) s’affirme une fois de plus en mozartien aguerri: la Symphonie «Jupiter» qui clôt le programme est tout simplement proche de la perfection, réussissant la synthèse entre grandeur classique et vivacité baroque. Les tempi sont généralement allants, ménageant des alternances de respirations et de relances, privilégiant le drame et les contrastes sans jamais trop solliciter la partition. Le deuxième mouvement apparaît comme nimbé d’une aura de vulnérabilité; le menuet alterne avec grâce les épisodes élégants et rustiques, réussissant une transition miraculeuse de naturel vers le trio; le finale, impeccablement phrasé et architecturé, fourmille de détails qui émergent de la masse instrumentale. Les interprètes possèdent sans équivoque cette musique codée dans leurs gènes.


Leonidas Kavakos est un partenaire de choix dans le Cinquième Concerto: il partage avec Adám Fischer un goût de l’exploration, venant doucement bousculer les habitudes de l’orchestre, le poussant à rechercher des timbres plus dégraissés et des phrasés plus ciselés qu’à l’habitude; il sait aussi s’immerger avec un plaisir visible, et audible, dans le tissu musical des pupitres. On savoure de purs moments de musique chambriste, particulièrement mis en valeur dans les passages solo du rondeau qui réunissent le violoniste et trois pupitres de cordes; toujours dans ce mouvement, les accents du refrain «à la turque» prennent une saveur particulièrement folklorique du fait l’économie de vibrato, des timbres sauvages et du tempo volontairement retenu. Et quel violoniste, ce Kavakos! Une sorte de composite impossible combinant clarté à la Milstein, élégance stylistique à la Grumiaux, et concentré en minimalisme digital à la Heifetz. Le bis qui suit, la Gavotte en rondeau extraite de la Troisième Partita de Bach, est formidable d’un bout à l’autre, vaguement inspirée par les interprétations historiquement renseignées, mais intimement personnalisée par le musicien – notamment par cette façon de varier les répétitions, en augmentant les ornements, sans que cela ne vienne se mettre en travers de la musique.


La symphonie de Haydn restera le relatif point faible de ce concert: on voit bien les tentatives du chef d’aiguillonner l’orchestre, et d’introduire une dose de tension, de fantaisie, voire de radicalité. L’orchestre suit avec discipline les effets recherchés, mais les coutures sont encore trop apparentes et les finitions encore mal dégrossies. Gageons que cela se calera durant la tournée qui emmènera les musiciens d’Amsterdam vers New York.



Dimitri Finker

 

 

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