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Beethoven agnostique et révolutionnaire

München
Nationaltheater
02/17/2019 -  et 18, 20* février 2019
Ludwig van Beethoven: Missa solemnis, opus 123
Marlis Petersen (sporano), Okka von der Damerau (alto), Benjamin Bruns (ténor), Tareq Nazmi (basse)
David Schultheiss (violon solo), Chor der Bayerischen Staatsoper, Sören Eckhoff (chef de chœur), Bayerisches Staatsorchester, Kirill Petrenko (direction)


K. Petrenko (© Wilfried Hösl)


Immense cathédrale, la Missa solemnis est une œuvre intense qui est finalement peu programmée de par ses difficultés techniques et l’engagement qu’elle demande. De grands beethovéniens comme Furtwängler l’ont évitée ainsi que des chefs comme Muti ou Abbado. Ce sont plutôt des chefs privilégiant une approche un peu mystique, comme en son temps un Giulini ou un Karajan, qui l’ont marquée. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui un chef aussi exigeant que Kirill Petrenko l'inscrit dans le cadre des concerts symphoniques de la saison du Bayerisches Staatsoper de Munich.


Son approche est radicale. Comme le font aujourd’hui de nombreux artistes, chefs et instrumentistes, il respecte les tempi très animés que demande Beethoven. Cette Missa solemnis ne dure qu’un peu moins d’une heure et quart alors qu’un Klemperer prenait cinq bonnes minutes de plus. La différence est significative. Les musiciens doivent faire preuve d’une souplesse et d’une grande virtuosité pour se plier à la conception du chef. Les voix sont traitées de façon instrumentales. Nous ne sommes pas à l’opéra pour retrouver dans un oratorio des sentiments et des émotions mais dans la lignée des œuvres de musique pure de Bach. De nombreux choix d’orchestration rappellent la musique baroque. Le chœur, toujours à la limite de la rupture est impressionnant et prend des risques insensés. Le quatuor soliste est remarquable de souplesse. Tareq Nazmi a probablement un timbre qui résonne plus mais dont le style vocal trouve son sens dans le solo du Miserere final. L’orchestre avec un effectif de moyenne taille fait ressortir la richesse du contrechants de l’œuvre qui apparait ainsi d’une grande modernité. Seuls certains passages aux cordes pourraient être un peu plus sonores mais l’écriture n’est pas facile.


Au-delà de la conception instrumentale, l’œuvre est également traitée avec une certaine rudesse par Petrenko. Beethoven ne se relâche que très peu dans cette œuvre. Il ne faut pas chercher ici des legatos un peu artificiels et des bons sentiments. Il y a ici des aspérités et une certaine fébrilité qui sont dans la partition qui sont ici mis en avant. Il y a surtout peu de sentiment religieux. Le Kyrie initial est un peu sévère. Magistralement jouée, les explosions du Gloria et du Credo n’apportent aucun relâchement, nous rappelant ainsi la tension que tenait Petrenko dans Chostakovitch ou dans sa lecture sans concession des SoldatsI de Zimmermann. Le solo de violon joué avec beaucoup de style par le Konzertmeister est plus un intermède qu’une arrivée au ciel et les fanfares militaires qui suivent nous ramènent que nous sommes toujours sur terre. Le Miserere final apporte un début bien timide de détente.


Voici en fin de compte une lecture qui aligne capacité instrumentale et originalité de l’approche de l’œuvre. Beethoven est ainsi radical, révolutionnaire et passionnant.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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