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Montpellier
Opéra-Comédie
02/20/2019 -  et 22*, 24, 26 février 2019
Gaetano Donizetti: Don Pasquale
Bruno Tadia (Don Pasquale), Julia Muzychenko (Norina), Edoardo Milletti (Ernesto), Tobias Greenhalgh (Docteur Malatesta), Xin Wang (Le notaire), Katia Abou, Vincent Bexiga, Delphine Saint Raymond (chansigneurs)
Chœur de l’Opéra national d’Occitanie, Noëlle Gény (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra national d’Occitanie, Michele Spotti (direction musicale)
Valentin Schwarz (mise en scène), Andrea Cozzi (décors, costumes, lumières)


T. Greenhalgh & J. Muzychenko (© Marc Ginot)


Après la Carmen vue par Arik Karapetian la saison dernière qui a fait parler d’elle pour son audace ratée, voilà que l’institution montpelliéraine propose un Don Pasquale pour le moins échevelé mais plutôt bien reçu par le public.


Si l’on est friand du comique à la Buster Keaton, Peter Sellers, ou encore Pierre Etaix, on pourrait peut-être trouver de quoi plaire dans cette proposition scénique, au moins pendant le premier quart d’heure, tant elle démarre sur un ton burlesque et doucement fou. Hélas, les choses se gâtent vite. Schwarz nous dit vouloir montrer «l’univers parallèle, névrotique [de cette œuvre], où la folie est considérée comme étant la norme». Don Pasquale serait «seul face à un monde qui lui est hostile». Pourquoi pas? Et de remplacer le traditionnel salon du barbon par un «cabinet de curiosités», sorte de capharnaüm où abondent grotesque et improbable, dans lequel s’agitent des personnages loufoques. On y trouve tout ce que l’on n’attend pas, un rhinocéros et une tente de camping, le clergé, largement représenté par un évêque, un cardinal, un prêtre (Malatesta) et un diacre. Mais aussi quantité d’animaux marins fantastiques, des conteneurs à ordures, un chariot de supermarché, un immense canon, et bien d’autres incongruités. Au motif que Donizetti fait cohabiter monde léger et profondeur dramatique, on se demande s'il fallait perturber à ce point la lisibilité des personnages et noyer l’intrigue dans une avalanche de pitreries gratuites qui inondent la scène et ont tôt fait de devenir lourdes à force de se vouloir légères? L’idée n’était peut-être pas sotte sur le papier, mais sa réalisation, outrancière et donc futile, n’est pas un grand moment de théâtre. Le propos s’est vite délité et le postulat est parti en fumée.


Dans ce contexte, on essaie de se rabattre sur la musique, mais elle est peu flattée par ces jeunes chanteurs, sans doute très talentueux dans d’autres circonstances, desservis par l’accumulation d’inepties qu’on exige d’eux et qui nuisent à la production d’un chant soigné. On retiendra quand même la Norine de Julia Muzychenko dont l’abattage séduit, et la jolie voix de ténor d’Edoardo Milletti en Ernesto. Autre bon moment musical, les ensembles des deuxième et troisième actes, ainsi qu’un final du troisième bien exécuté. Il faut aussi saluer la présence du jeune et brillant chef Michele Spotti. Il est absolument partout et permet à l’orchestre et au chœur, très bien préparés, de rendre à la partition tout son éclatant foisonnement.



Christian Dalzon

 

 

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