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Grande fresque historique

Lausanne
Opéra
02/03/2019 -  et 6*, 8, 10, 13 février 2019
Gaetano Donizetti : Anna Bolena
Shelley Jackson (Anna Bolena), Edgardo Rocha (Lord Riccardo Percy), Mika Kares (Enrico VIII), Ketevan Kemoklidze (Giovanna Seymour), Daniel Golossov (Lord Rochefort), Cristina Segura (Smeton), Aurélien Reymond-Moret (Signor Hervey)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Antonio Greco (préparation), Orchestre de Chambre de Lausanne, Roberto Rizzi Brignoli (direction musicale)
Stefano Mazzonis di Pralafera (mise en scène), Gary McCann (décors), Fernand Ruiz (costumes), Franco Marri (lumières)


(© Alan Humerose)


De somptueux costumes d’époque, des décors majestueux figurant les couloirs et les pièces du palais d’Henri VIII d’Angleterre, des lumières suggestives : la nouvelle production d’Anna Bolena à l’Opéra de Lausanne est d’abord un régal pour les yeux, plongeant le spectateur dans une palpitante fresque historique. Mais les oreilles ne sont pas en reste, avec dans la fosse un Orchestre de Chambre de Lausanne des grands soirs, répondant comme un seul homme à la baguette avisée de Roberto Rizzi Brignoli, lequel confère précision et raffinement mais aussi souplesse et tension dramatique à la trentième partition de Donizetti, sans aucun temps mort. Le Chœur de l’Opéra livre, lui aussi, une prestation digne d’éloge. Le metteur en scène Stefano Mazzonis di Pralafera a choisi de respecter l’œuvre à la lettre, en racontant de façon simple et lisible la destinée tragique d’Ann Boleyn (1507-1536), mère de la future Elisabeth I, condamnée à mort pour adultère par son époux le roi. La direction d’acteurs est sommaire, laissant le plus souvent les interprètes sur le devant de la scène, les bras levés.


La distribution vocale est particulièrement jeune, ce qui est en soi un exploit pour un ouvrage belcantiste réputé pour ses difficultés. Remplaçant pratiquement au pied levé la chanteuse initialement prévue dans le rôle-titre, Shelley Jackson a le port altier et l’allure noble qui sied à son personnage. La soprano américaine incarne une souveraine parfaitement crédible, drapée dans sa dignité, qui finit par se révéler absolument bouleversante dans la scène finale, avant de monter sur l’échafaud. Si la voix est lumineuse et bien projetée, les problèmes d’intonation dans les aigus et le manque d’aisance dans les vocalises la mettent souvent à mal. Sa rivale Jane Seymour a le timbre puissant et tranchant de Ketevan Kemoklidze. Le rôle de Percy, l’amant d’Anna, est problématique quand on sait que l’Opéra de Lausanne a choisi de présenter la version originale de 1830, qui restitue l’écriture vocale des plus aiguës écrite par le compositeur pour le ténor Giovanni Battista Rubini, aux moyens vocaux phénoménaux. Pour les reprises de son Anna Bolena, Donizetti a dû faire appel à d’autres ténors et a baissé la tonalité des airs. Ce n’est pas faire injure à Edgardo Rocha – au demeurant l’un des ténors belcantistes les plus doués de sa génération – que de dire qu’il n’arrive au bout de la soirée qu’au prix d’efforts surhumains, tant la tessiture est stratosphérique. Au lieu de vouloir faire entendre coûte que coûte la version originale de l’œuvre, il aurait peut-être mieux valu s’en tenir aux adaptations successives, d'autant qu'elles sont de Donizetti lui-même. On retiendra également le roi perfide de Mika Kares, au timbre sombre, ainsi que le Smeton juvénile et candide de Cristina Segura. Au rideau final, un public visiblement ravi a réservé une véritable ovation aux chanteurs, aux choristes et au chef.



Claudio Poloni

 

 

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