About us / Contact

The Classical Music Network

Vienna

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Communion musicale

Vienna
Musikverein
12/13/2018 -  et 15*, 16 (Wien), 17 (München), 18 (Berlin), 19 (Köln) décembre 2018
Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto pour flûte n° 1, KV 285c [313]
Anton Bruckner: Symphonie n° 7, WAB 107

Karl-Heinz Schütz (flûte)
Wiener Philharmoniker, Riccardo Muti (direction)


R. Muti (© Getty/Hiroyuki Ito)


Alors que des flots de touristes investissent les moindres recoins du centre de Vienne, les concerts d’abonnement du Philharmonique donnent un peu l’illusion d’offrir une enclave réservée aux Viennois: à l’exception de la zone des Stehplätze (les places debout), l’atmosphère du lieu était résolument traditionnelle et, pourrait-on dire, en parfaite adéquation avec la lecture mozartienne de Riccardo Muti. S’il ne fallait certes pas attendre de surprises stylistiques, les qualités classiques qui imprégnaient le concerto étaient en revanche superlatives: une grandeur sans affectation, un son plein et riche mais incisif et soulignant avec discrétion les appuis rythmiques de la partition, le tout magnifié par des tempi idéaux, parfois assez vifs, contribuant à alléger la texture de l’effectif orchestral. L’osmose avec le soliste Karl-Heinz Schütz, flûtiste solo de l’orchestre, est par ailleurs exemplaire. La balance du dernier mouvement est millimétrée, la fine dentelle articulée par les violions servant d’écrin à la flûte, avec des timbres chatoyants sans excès. On admire en particulier la précision des détachés du soliste, délivrés avec une impeccable égalité et calibrés pour bénéficier au mieux de l’acoustique de la salle. Avec des interventions réduites au minimum, Riccardo Muti donne une leçon de sobriété de direction orchestrale qui maximise l’impact auditif.


L’approche du chef est bien différente dans la symphonie de Bruckner; loin de s’économiser, Muti semble dessiner la musique avec la sûreté du peintre qui, dès le premier coup de pinceau, a déjà achevé mentalement la totalité de sa toile. Il imprime des impulsions qui relancent avec une touche d’impatience la conduite des phrasés, ne laissant à aucun moment la musique stagner. Les cordes se surpassent particulièrement dans l’Adagio, déployant des sonorités opulentes qui s’évanouissent parfois dans des mouvements d’ascensions divines. Le Scherzo sonne comme un épisode salvateur, la figure rythmique sous-jacente revêtant un caractère quasiment enjoué, suivie d’une partie centrale aussi voluptueuse et charnelle qu’un Bruckner peut se permettre. Le Finale comporte lui des fulgurances très descriptives, proches des tournures de poèmes symphoniques. On peut certes concevoir une approche plus méditative de cette symphonie, mais dans une optique extrovertie, cela sonne magnifiquement. Notons que cela résulte aussi de la communion entre une œuvre, une salle, un orchestre et un chef: en vingt-cinq ans, le Philharmonique de Vienne a donné soixante-et-onze lectures de cette symphonie, dont vingt-trois fois avec Muti et vingt-deux dans l’enceinte du Musikverein. En somme, on pouvait entendre un équilibre combinant la solidité formée par l’habitude avec un désir d’exploration.



Dimitri Finker

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com