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Andris Nelsons, interprète de Gustav Mahler

Berlin
Philharmonie
12/13/2018 -  et 14, 15* décembre 2018
Maija Einfelde : Lux aeterna (2e version)
Gustav Mahler : Symphonie n° 2 en ut mineur «Résurrection»

Lucy Crowe (soprano), Gerhild Romberger (alto)
MDR-Rundfunkchor Leipzig, Risto Joost (chef de chœur), Berliner Philharmoniker, Andris Nelsons (direction)


A. Nelsons (© BBC/Chris Christodoulou)


Alors qu’il poursuit un cycle d’enregistrements des symphonies de Bruckner à la tête de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, dont il est directeur musical depuis la saison 2017-2018, et des symphonies de Chostakovitch (voir ici et ici) avec l’Orchestre symphonique de Boston, dont il est également le directeur musical, mais cette fois-ci depuis la saison 2014-2015, Andris Nelsons serait-il en train de roder au concert une intégrale des symphonies de Mahler dans la perspective d’un futur cycle discographique?


Car après l’avoir entendu ces dernières années dans la Cinquième tant à la tête du Philharmonique de Berlin que de l’Orchestre du Festival de Lucerne, plus récemment dans la Troisième avec les forces bostoniennes tant cette fois-ci à Berlin qu’à Paris, le voici qui vient tout récemment de diriger la Première. Et donc, pour ces habituels trois concerts berlinois, c’était au tour de la Deuxième, qu’il avait déjà dirigée l’été dernier au Festival de Salzbourg mais à la tête des Wiener Philharmoniker. Le programme berlinois, reprenant un programme déjà donné à Boston à la fin du mois d’octobre débutait par un court prélude, avec ce Lux aeterna de la compositrice lettone Maija Einfelde (né en 1939). Accompagné seulement par un glockenspiel et un vibraphone, les chanteurs du Chœur de la MDR de Leipzig distillèrent une atmosphère très recueillie mais également, de temps à autre, quelque peu inquiétante, notamment à la faveur de l’intervention des voix masculines. Dirigeant l’ensemble à mains nues, Andris Nelsons imposa un climat où les sons surnaturels du glockenspiel répondirent avec beaucoup de charme aux voix du chœur.


Changement d’échelle avec la Deuxième Symphonie de Mahler! L’Orchestre philharmonique de Berlin au grand complet se mit à littéralement envahir la scène, où l’on reconnaissait très vite toutes les «têtes d’affiche» de la prestigieuse phalange: Daishin Kashimoto au poste de violon solo, Emmanuel Pahud à la flûte, Albrecht Mayer au hautbois, Wenzel Fuchs à la clarinette, Stefan Dohr au cor ou Gábor Tarkővi à la trompette, ils sont tous là! Et le fait est que l’interprétation de ce soir fut à bien des égards exceptionnelle. Exceptionnelle même si le premier mouvement nous aura surtout surpris, voire quelque peu dérouté. L’Allegro maestoso est pris de manière extrêmement théâtrale: baignant dans un legato très présent, Nelsons insiste sur les césures, les arrêts soudains, n’hésite pas à amplifier certains ralentis quitte à être parfois un rien pesant. Mais, au-delà de certaines options parfaitement assumées par ailleurs, on aura connu plusieurs passages tout bonnement extraordinaires à l’image de ce climax incroyable aux deux tiers du mouvement environ, lorsque l’orchestre s’arrête subitement avant que le vrombissement initial des basses ne reprenne de plus belle. A coup sûr, chaque spectateur sera resté scotché à son siège et bouche bée devant une telle puissance orchestrale.


La césure avec le deuxième mouvement (Andante moderato) fut d’autant plus fort qu’Andris Nelsons l’aborda avec une apparente nonchalance qui confinait souvent à une véritable danse. Très contrasté là aussi, d’une grande finesse (les pupitres de cordes berlinoises, fidèles à leur réputation), ce fut un moment de grâce absolue. Rupture là encore saisissante avec ces coups de timbales (tenues par le toujours excellent Wieland Welzel) qui annoncèrent un troisième mouvement où les couleurs explosèrent à la faveur d’un formidable maelström instrumental que l’on retrouva presque décuplé dans le dernier mouvement, quatre nouveaux cors et trois trompettes jusqu’alors en coulisses étant venus rejoindre l’orchestre pour les derniers accords, portant ainsi le nombre de cuivres à vingt-quatre!


La force du final fut certainement le plus grand moment de ce concert. Annoncée par un magnifique sens de la progression de Nelsons qui n’hésita pas là aussi à apporter certains éclairages à rebours des interprétations plus traditionnelles, portée par un chœur de premier ordre capable du plus imperceptible murmure comme de la plus généreuse péroraison, magnifiée par un orchestre qui semblait presque y jeter ses dernières forces, cette conclusion fut absolument étourdissante. Si la voix de Lucy Crowe aura parfois pu paraître un rien aigrelette, celle de Gerhild Romberger, en revanche, fut pleine et chaleureuse à souhait. Sa diction, l’attention portée à la moindre syllabe nous révéla, à titre personnel, une chanteuse qu’il convient sans aucun doute de suivre. Acclamé par le public et rappelé seul sur scène après que l’orchestre et le chœur eurent déjà regagné les coulisses, Nelsons a pu savourer un triomphe personnel même si, brandissant sa partition au vu et au su de tous, il a souhaité, dans un dernier geste, rendre hommage au compositeur lui-même.


Les admirateurs du chef letton pourront le retrouver à la tête des Berliner Philharmoniker en ces mêmes lieux, les 20, 21 et 22 juin pour un concert alliant le Concerto pour piano de Scriabine (avec Daniil Trifonov) et la Onzième Symphonie «L’Année 1905» de Chostakovitch.


Le site d’Andris Nelsons



Sébastien Gauthier

 

 

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