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Après-midi magyar réussi

Marseille
Auditorium du Pharo
12/02/2018 -  
Johannes Brahms: Danses hongroises n°s 1 en sol mineur, 3 en fa majeur, & 10 en mi majeur
Béla Bartók: Concerto pour violon n° 2, Sz. 112
Zoltán Kodály: Háry János Suite

Alexandra Conunova (violon), Cyrille Dupuy (cymbalum)
Orchestre philharmonique de Marseille, Lawrence Foster (direction musicale)


A. Conunova (© DR)


Le concert débute avec les Danses hongroises nos 1, 3, et 10, les seules orchestrées par Brahms. L’orchestre allie clarté et tempo relevé, surtout dans la première où la flûte de Virgile Aragau tire admirablement son épingle du jeu, se détachant très lisiblement de l’ensemble. De l’exécution des trois danses se dégage une alacrité communicative, un rien luxuriante et incisive à souhait.


Après la première salve d’applaudissements, Lawrence Foster se tourne vers le public pour exprimer le souhait de l’Orchestre philharmonique de Marseille de rendre hommage aux huit victimes de l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille en jouant un extrait de la Troisième Suite pour orchestre en ré majeur, BWV 1608, de Jean-Sébastien Bach.


Dans l’exécution du Second Concerto pour violon de Bartók on ne niera pas la virtuosité de la jeune violoniste Alexandra Conunova, la cadenza de l’Allegro non troppo, d’entrée, en témoigne. Peu impressionnée par une écriture redoutable, la Moldave fait preuve d’aplomb, d’une solide technique, sans hélas complètement convaincre. Son interprétation tend à gommer le lyrisme de cette partition et à peu nuancer les changements abrupts d’humeur, surtout dans le premier mouvement. En dépit de la capiteuse sonorité du Del Gesù, l’exécution reste mécanique et distancée, et l’âme de ce magnifique concerto n’y gagne pas. Peut-être Mlle Conunova aborde-t-elle cette œuvre un peu tôt dans sa jeune carrière? Lawrence Foster, en sauveur, tisse un somptueux écrin autour du violon. Il donne des couleurs rutilantes à l’Andante tranquillo et souligne le contraste saisissant avec les déclarations vigoureuses des premier et troisième mouvements. Cuivres et percussions sont irréprochables. Mlle Conunova offre en bis le premier mouvement de la Deuxième Sonate pour violon, opus 27, d’Eugène Ysaÿe.


La seconde partie commence par la présentation au public de Cyril Dupuy, cymbaliste de renom, et de son instrument que l’artiste fait brièvement découvrir avec la brillante Variation sur un thème hongrois, «Grosse tête».


De son opéra-comique Háry János, créé à Budapest en 1926, Zoltán Kodály a tiré une suite orchestrale qui date de 1927. L’opéra est un Singspiel qui raconte l’histoire d’un vétéran de l’armée autrichienne, Háry János, qui se plaît à raconter ses souvenirs «embellis» où l’héroïsme de son passé militaire le dispute à ses conquêtes amoureuses. Mais, comme l’explique lui-même le compositeur, «János est la personnification de l’imagination du conteur hongrois. Il ne raconte pas de mensonges, il imagine des histoires, c’est un poète». Et si l’on en croit la superstition magyare, une affirmation suivie de l’éternuement d’un auditeur atteste de la véracité du propos... Comme l’opéra, la suite orchestrale commence donc par un «éternuement musical».


Le Philharmonique de Marseille livre une interprétation soignée des six mouvements de cette superbe pièce et on se réjouit du marquage clair des différentes ambiances. Tantôt lyrique, tantôt dramatique dans la caractérisation des personnages, Foster est attentif à souligner le comique de la Marche funèbre, le caractère pensif des interludes, et les éclatantes couleurs du finale, tout en maintenant une cohésion parfaite entre les familles d’instruments. Tous les pupitres répondent avec clarté et enthousiasme et les éclats tonitruants des cuivres sont un pur ravissement. Le corniste Julien Desplanque signe un solo de très bonne facture et Cyrille Dupuy, l’autre virtuose du concert, apporte au cymbalum la touche folklorique d’une partition originale et attachante, mais si complexe qu’elle exige une formation de grande qualité. Ce fut le cas.



Christian Dalzon

 

 

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