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Les 100 ans de l’OSR !

Geneva
Victoria Hall
11/26/2018 -  et 28 novembre 2018
Dieter Ammann: Core
Béla Bartók: Concerto pour piano n° 1, sz. 83
Ludwig van Beethoven: Symphonie n° 6 “Pastorale”, opus 68

Pierre-Laurent Aimard (piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Jonathan Nott (direction)




L’Orchestre de la Suisse Romande fête cette année son centenaire. C’est en 1918, le 30 novembre précisément, que cet ensemble a donné son premier concert sous la direction du Vaudois Ernest Ansermet, dont le souvenir, la personnalité et les options esthétiques sont encore présents de nos jours.


A cette occasion, la ville de Genève s’est mise aux couleurs de son orchestre, avec une rangée de drapeaux à son nom le long du pont du Mont-Blanc, proche du fameux jet d’eau. L’OSR et la Radio-Télévision Suisse ont mis en ligne un site d’archives riche de documents plus passionnants les uns que les autres. La RTS offrira une heure d’antenne en « prime time » à l’OSR le 3 décembre.


Enfin, l’OSR a également publié un livre de nouvelles et surtout un coffret de documents musicaux où les musiciens et leurs directeurs musicaux, Ernest Ansermet mais aussi Wolfgang Sawallisch, Horst Stein, Pinchas Steinberg, Armin Jordan, Fabio Luisi, Marek Janowski, Neeme Järvi et Jonathan Nott, s’illustrent dans leurs répertoires de prédilection : musique française, russe, allemande et en particulier dans des extraits de concerts passionnants pour servir la musique du vingtième siècle.


Enfin, et c’est probablement l’attention la plus touchante, les (excellents programmes) de l’OSR ont cette fois-ci, repris l’ensemble des musiciens de l’orchestre, de 1918 à nos jours en mentionnant leurs années d’arrivée de départ.


Cette soirée débute une semaine chargée puisque, l’OSR se produira chaque jour du lundi au vendredi, reprenant mercredi ce programme puis mardi et jeudi, à Lausanne, pour une combinaison Honegger, McMillan, Bernstein et Gershwin avec Lucas Debargue en soliste avant de conclure vendredi par un concert avec Sonya Yoncheva et une exécution de L’Oiseau de feu, l’œuvre que l’on associe le plus à cet orchestre. Voici en une semaine des programmes avec deux créations genevoises, sept compositeurs du XXe siècle et sept nationalités différentes... Ceci n’est pas un moindre effort.


Core du Dieter Ammann recevait ici sa première exécution genevoise, en présence du compositeur suisse. Ce dernier sait travailler avec beaucoup de science un matériel orchestral très riche et particulièrement dense. Les pupitres sont souvent utilisés avec beaucoup d’originalité : cuivres bouchés, présence de nombreux instruments à percussion, flatterzunge, ostinato des cordes... pour donner une dynamique vaste et puissante et amener l’orchestre à « exploser » en de nombreux passages.


Le Premier Concerto pour piano de Bartók apparaît par comparaison comme une œuvre plus compacte. Les tempi réguliers adoptés par Pierre-Laurent Aimard et Jonathan Nott permettent de mettre en avant le caractère propulsif de l’œuvre. On ne peut qu’être frappé de la «simplicité» de ce concerto, dont chaque mouvement est bâti autour d’un thème et d’une pulsation régulière, dans un style à la Bach. Pierre-Laurent Aimard déploie une dynamique vaste et une grande attention aux nuances dans une œuvre où tant de pianistes se contentent d’osciller entre forte et fortissimo. L’Andante, avec son long développement et ses jeux de timbres percussion/piano, est particulièrement réussi.


Il y a deux ans, Pierre-Laurent Aimard avait donné en bis la Deuxième des Notations de Boulez. Cette fois-ci, le pianiste français félicite l’orchestre de créer des œuvres contemporaines et, dans l’esprit de ce centenaire, donne en bis deux pièces de Kurtág écrites pour deux anniversaires, l’une pour le quatre-vingt-dixième de son épouse et l’autre pour le soixante-dixième d’une de ses amies. A nouveau, depuis les plus de dix ans où je suis arrivé à Genève, c’est la première fois que Kurtág est joué et acclamé à Victoria Hall.


Beethoven est un compositeur qui pratique une forme sonate plus classique mais dont le style demande également d’établir une pulsation régulière. Dans la Symphonie Pastorale, Jonathan Nott adopte une formation de chambre allégée qui permet de mettre en valeur la richesse harmonique des cordes. La disposition des musiciens établie par Jonathan Nott, avec les violoncelles entre les premiers violons et les altos, permet de faire ressortir de nombreux détails de l’écriture orchestrale. Ce sont cependant toujours les bois, trésor de cet orchestre, qui brillent, avec en particulier Nora Cismondi au hautbois, Michel Westphal à la clarinette et Loïc Schneider à la flûte. Les passages sont bien caractérisés et, en particulier, l’Allegretto final qui suit l’orage n’est pas traité comme un passage retenu voire mystique mais comme une expression de joie et de vie.


Comme Jonathan Nott nous l’avait dit dans l’entretien qu’il nous avait accordé au sujet de la Troisième Symphonie de Gustav Mahler, il y aura un approfondissement naturel entre lui et ses musiciens dans une quinzaine d’années. Ce sera le cas pour cette symphonie également mais cette première exécution commune est plein de promesses.


Bon anniversaire à l’OSR et en avant pour ce deuxième siècle de musique et de découvertes!



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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