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Passion et sang-froid

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/27/2018 -  et 15 novembre 2018 (Abbotsholme)
Franz Schubert : Sonates pour piano n° 3 «Fünf Klavierstücke», D. 459/459A, et n° 23, D. 960 – Wanderer-Fantasie, D. 760
Arnold Schönberg : Six Petites Pièces pour piano, opus 19
Anton Weber : Variations pour piano, opus 27

Elisabeth Leonskaïa (piano)


E. Leonskaïa (© Julia Wesely)


Elisabeth Leonskaïa, on ne peut que s’en réjouir, a rejoint depuis quelques saisons la liste très sélective des pianistes de la série «Piano 4 étoiles». Pour son récital au Théâtre des Champs-Elysées, où, l’on s’en réjouit autant, auront lieu une bonne partie des récitals de cette série, elle avait annoncé un copieux programme Schubert. A la surprise générale, elle y a interpolé deux pièces majeures de compositeurs de la Seconde Ecole de Vienne.


Elisabeth Leonskaïa est une pianiste au tempérament bouillonnant qui peut faire preuve d’un étonnant sang-froid. On l’a entendue en 2010 à Verbier sous la tente des Combins achever une intégrale des Sonates de Schubert comme il se doit par la dernière (D. 960). Ce concert clôturait le festival, qui se termine traditionnellement le jour de la fête nationale suisse. C’est ainsi qu’au début de l’Andante sostenuto, piège à mémoire notoire, ont éclaté les premiers feux d’artifice qui ne l’avaient apparemment qu’à peine déconcentrée. C’est dire si l’on se réjouissait de l’entendre loin de toute pyrotechnie dans la même Sonate en si bémol majeur, qui était le plat de résistance de ce programme. Parfaitement concentrée, elle a entraîné ses auditeurs dans les méandres et les paysages de cette longue sonate avec un style, une gravité et des couleurs superbes. Le dosage sonore de l’Andante sostenuto était miraculeux et, pour l’Allegro ma non troppo, il lui restait, après deux grandes heures d’un jeu énergique et musclé, sans esquiver la moindre reprise, une fougue et une force tranquille pour mener à son terme ce long mouvement final. Elle n’était pas au bout de ses ressources car elle a gratifié le public de deux bis copieux, le fougueux Klavierstück D. 946 n° 1 et l’Impromptu opus 90 n° 3 avec des sonorités venues des entrailles.


Du sang-froid, Elisabeth Leonskaïa en a fait preuve en ajoutant à ce programme roboratif deux œuvres non annoncées, les Six Pièces opus 19 de Schönberg, placées en incise entre les deux premières pièces de Schubert. Jouées avec un élan romantique et une sonorité plus chaude que ce que l’on est habitué à entendre, elles faisaient un étonnant contraste avec la Sonate en mi majeur qui ouvrait le récital, laquelle, réunissant cinq pièces, est un peu disparate et voit sa légitimité contestée par les musicologues, constituant un choix un peu aride pour ouvrir un récital. La Wanderer-Fantasie après cela coulait comme un beau fleuve de musique parfaitement maîtrisé avec passion et panache, sans la brusquerie qu’y mettent aujourd’hui volontiers tant de jeunes interprètes.


Beaucoup plus convaincantes et plus proches du style viennois étaient les Variations opus 27 de Webern qui ouvraient la seconde partie. La pianiste a dû se livrer à un exercice de haute voltige pendant le thème et la première variation avec une partition qui ne voulait pas tenir sur le pupitre et, devant la chute de celle-ci, ne s’est pas démontée et a repris au début cette pièce d’une difficulté de lecture extrême, à qui elle a donné un relief qui ne déparait pas avec la musique de Schubert.



Olivier Brunel

 

 

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