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Schoenberg, Berg et Brahms

Geneva
Victoria Hall
10/17/2018 -  et 18 (Lausanne), 19* (Genève) octobre 2018

17 octobre (et 18 octobre à Lausanne)
Arnold Schoenberg : Erwartung, opus 17
Johannes Brahms : Concerto pour piano n° 1, opus 15



19 octobre
Alban Berg : Trois pièces de la «Suite lyrique»
Johannes Brahms : Rhapsodie pour alto et chœur d’hommes, opus 53 – Concerto pour piano n° 2, opus 83

Angela Denoke (soprano), Gerhild Romberger (alto), Nicolas Angelich (piano)
Zürcher Sing-Akademie, Florian Helgath (chef de chœur), Orchestre de la Suisse Romande, Jonathan Nott (direction)


Si Schoenberg ne fait plus peur au public munichois (voirici), ce n’est pas tout à fait le cas à quelques kilomètres à Genève. Pour ces deux soirées où Brahms côtoyait Berg et Schoenberg, le public était certes attentif mais un peu plus clairsemé que lorsque l’OSR se consacre aux classiques. Qui sait si Victoria Hall était aussi remplie lorsqu’en 1932, son fondateur Ernest Ansermet, grand explorateur de la musique de son temps, avait programmé la Suite lyrique de Berg et qu’en 1974, Horst Stein avait fait découvrir l’Erwartung de Schoenberg?


Quoi qu’il en soit, les absents ont eu tort. Ces deux œuvres et de façon générale la production de la deuxième Ecole de Vienne, sont des pièces romantiques dans la droite ligne des compositions de Gustav Mahler ou d’un Richard Strauss, ainsi que Jonathan Nott nous l’avait expliqué (voir ici). Souvent présenté sur scène, Erwartung est un monologue halluciné, captivant et somptueusement orchestré, et ne devrait pas surprendre tout amateur de la scène finale de Salomé. La Suite lyrique, dans ses trois mouvements pour orchestre à cordes, est une œuvre d’une grande sensibilité d’un souffle postromantique. A nouveau, les amateurs de pièces comme les derniers quatuors de Beethoven y verront une continuité de style et d’esprit. Je mets enfin au défi tout amateur du deuxième acte de Tristan et Isolde de rester indifférent en entendant les dernières pages orchestrales chromatiques proprement stupéfiantes de l’Erwartung.


Dans ces œuvres, la maîtrise de Jonathan Nott, ancien directeur musical de l’Ensemble ontercontemporain, est manifeste. Les équilibres sonores sont très travaillés, permettant d’apprécier la magie et les subtilité des timbres. Le chef anglais a cette caractéristique des chefs virtuoses qui est l’autonomie entre bras droit et gauche. Il indique les entrées avec soin tout en faisant attention à la ligne et en faisant bien ressortir les Haupstimmen (voix principales) indiquées par les compositeurs. Angela Denoke, qui connaît bien l’œuvre, impressionne par sa présence dramatique. Elle trouve la puissance sonore que demande le texte et caractérise le texte avec une intelligence souveraine.


Les autres solistes de ces deux soirées sont également de grande qualité. On voudrait plus entendre Gerhild Romberger, qui avait il y a deux ans donné une lecture très profonde du Chant de la terre de Mahler lors d’une tournée de l’Orchestre du Festival de Budapest sous la direction d’Iván Fischer. Le timbre est superbe et sa ligne de chant expressive. Elle fait sonner avec beaucoup de couleur les deux si graves que demande Brahms dans cette Rhapsodie.


Nicolas Angelich est un brahmsien de premier ordre. Il a la technique et surtout la densité que demandent ces deux concertos. L’Orchestre de la Suisse Romande est cependant moins à l’aise dans lorsque ces œuvres demandent beaucoup de puissance sonore. Les nombreux contrechants du premier mouvement (Maestoso) du Premier Concerto ne ressortent pas avec la netteté nécessaire. Les bois sont le grand atout de cet orchestre et leurs dialogues avec le pianiste dans l’Adagio central sont de toute beauté. Le Second Concerto est une œuvre moins symphonique dont la vitalité rythmique correspond mieux aux musiciens. Au violoncelle, Gabriel Faur fait chanter son instrument dans le troisième mouvement mais le tempo de cet Andante n’était-il pas un peu trop vif ? Emmené par un pianiste déchaîné, le Scherzo, en particulier, a un souffle remarquable qui sublime les musiciens. Très applaudi, Angélich donne en bis le premier soir l’Intermezzo opus 117 n° 1 et plus sereinement deux jours après la dernière page des Scènes d’enfants de Schumann : «Le poète parle».


Cette saison marque le centième anniversaire de l’OSR. Si pour cette occasion, son ancien directeur Marek Janowski reviendra diriger les Symphonies de Schumann, ce sera la musique du XXe siècle qui sera à l’honneur. Béla Bartók y sera représenté par ses Concertos pour piano avec en soliste Pierre-Laurent Aimard, François-Frédéric Guy et Gábor Csalog, et Susanna Mälkki dirigera Le Château de Barbe-Bleue. David Afkam célébrera Chostakovitch et Emmanuel Krivine Zemlinsky. Emmanuel Pahud donnera la première lecture du concerto de Montalbetti. Jonathan Nott continuera ses explorations de la musique de Mahler avec sa Sixième Symphonie. Enfin, il sera possible d’entendre Igor Stravinsky, de loin le compositeur le plus associé à l’OSR, dans les Symphonies d’instruments à vent et le 30 novembre pour le concert anniversaire dans L’Oiseau de feu.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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