About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Rimbaud Bostridge

Paris
Philharmonie
10/10/2018 -  et 11 octobre 2018
Jean-Philippe Rameau : Hippolyte et Aricie: Suite
Benjamin Britten : Les Illuminations, opus 18
Felix Mendelssohn : Symphonie n° 5 «Reformation», opus 107

Ian Bostridge (ténor)
Orchestre de Paris, Daniel Harding (direction)


I. Bostridge (© Sim Canetty-Clarke)


La rentrée de l’Orchestre de Paris l’a confirmé : Daniel Harding aime les croisements. Sont-ils toujours légitimes ? L’enchaînement de la Suite d’Hippolyte et Aricie et des Illuminations semble assez problématique, malgré l’attachement de Britten à certains maîtres anciens – Purcell, par exemple. La Suite, d’ailleurs, ne sonne guère comme du Rameau : loin de restituer la verdeur et la nouveauté des sonorités de la partition, elle opère une assez consensuelle synthèse, très lissée, entre hier et aujourd’hui. Certes, elle a de l’allure, l’orchestre répond parfaitement. Mais quand on a entendu ces numéros par un Marc Minkowski...


La direction de Harding, en revanche, colle parfaitement à la musique de Britten, avec lequel il entretient d’évidentes affinités – souvenons-nous de ses enregistrements de Billy Budd, où Ian Bostridge chante le trouble Capitaine Vere, de celui du Tour d’écrou, où il incarne un non moins trouble Quint. A la Philharmonie, le ténor interprète cette fois le cycle rimbaldien. Aujourd’hui très grise, la voix a perdu sa fraîcheur et sa chair, accusant de graves faiblesses dans l’aigu et le grave, ne se projetant pas toujours à travers le grand vaisseau : « Villes », « Marine » le montrent à la peine. Mais l’apesanteur sensuelle de « Being Beauteous » est là, comme le pianissimo aigu de « Phrase ». L’art, en effet, transcende ici l’irréparable usure des moyens et, surtout, l’interprétation restitue à merveille le délire hallucinatoire de l’« homme aux semelles de vent ». Le chanteur joue aussi avec ses mains et son corps de grand adolescent, qui se plie, se tord, marque le rythme de ses jambes : vingt minutes de folie visionnaire, à voir autant qu’à écouter. Les cordes de l’orchestre sont magnifiques, d’homogénéité et de rondeur. Mais pour entendre Ian Bostridge dans des Illuminations au sommet, on retournera au CD Britten gravé à Berlin en 2005 avec Simon Rattle (EMI).


La Symphonie «Reformation» de Mendelssohn convainc beaucoup moins, malgré les qualités déployées par les musiciens – magnifique petite harmonie, notamment au début du final. Le chef, visiblement, la veut claire, sans lourdeur, pleine d’une énergie juvénile – d’autres l’empèsent, trompés par ses références religieuses, « Amen de Dresde », que Wagner récupérera pour Parsifal, ou choral de la cantate « Ein feste Burg ist unser Gott » de Bach. La polyphonie de l’Allegro con fuoco est remarquablement restituée, en particulier dans le développement, comme le sera celle du final. Mais la direction y accuse déjà une tendance à une sécheresse trop carrée, qui va raidir le Scherzo, sans que la suite ne corrige le tir : lecture impeccable, mais sans chaleur.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com