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Deux requiem sinon rien

Lyon
Auditorium Maurice Ravel
10/04/2018 -  et 6 octobre 2018
Benjamin Britten : Sinfonia da Requiem, opus 20
Johannes Brahms : Ein Deutsches Requiem, opus 45

Camilla Tilling (soprano), Nikolaï Bortchev (baryton)
Chœur Spirito, Nicole Corti (chef de chœur), Jeune Chœur symphonique, Gabriel Bourgoin et Laetitia Toulouse (chefs de chœur), Orchestre national de Lyon, David Zinman (direction)


D. Zinman (© Priska Ketterer)


Fidèle invité de l’Orchestre national de Lyon – on se souvient d’une superbe interprétation de la Troisième Symphonie de Mahler l’année passée –, David Zinman confrontait deux partitions de différentes époques liées aux thèmes de la mort: la rare Sinfonia da Requiem de Britten et le plus familier Requiem allemand de Brahms.


Le premier ouvrage est en fait une œuvre de jeunesse du compositeur anglais, qui s’avère être un étrange manifeste pacifiste dont les titres des différents mouvements font référence à la liturgie catholique. Il est né au départ d’une commande pour les festivités du 2600e anniversaire de l’Empire du Japon, mais a finalement été refusé par les autorités compétentes car le propos fut reçu comme un outrage. Comme à son habitude, le chef américain favorise la clarté et l’équilibre, un procédé toujours mis au service de l’émotion: les pupitres de la phalange lyonnaise font ainsi ressortir les moindres nuances et détails de l’orchestration. Simple et émouvante, cette lecture restera sans doute gravée dans les mémoires des auditeurs.


Après l’entracte, c’est à un autre moment de pur bonheur musical que le public lyonnais est convié, grâce à ce chef-d’œuvre d’humanité (avec son message universel) qu’est le Requiem allemand de Brahms. Sous la baguette de Zinman, l’Orchestre national de Lyon, le Chœur Spirito (préparé par Nicole Corti) et le Jeune Chœur symphonique (préparé par Gabriel Bourgoin et Laetitia Toulouse) parviennent à communiquer un sentiment de sérénité au-delà du temps, et même une forme d’intimité malgré la proportion des forces ici présentes. Dès le premier mouvement, le chœur réussit en effet à transmettre un sentiment de pureté que la lumineuse soprano suédoise Camilla Tilling fait ensuite sienne, grâce à sa voix limpide, sa technique parfaite et son souverain sens du phrasé, qui lui permettent de délivrer avec beaucoup de délicatesse les aigus diaphanes propres à sa partie. Quant au baryton biélorusse Nikolaï Bortchev, entendu in loco la saison dernière dans le Requiem de Duruflé, il offre une voix ample et sonore, et se distingue en harmonisant de superbe manière les apports du lied et de l’opéra, mais aussi en fusionnant – avec beaucoup de savoir-faire – les épisodes intimistes et les brûlants passages prophétiques de la partition. Le dernier morceau de l’ouvrage, «Selig sind die Toten», est une magnifique réussite, car empli de calme et de sérénité: les voix égrènent alors tour à tour une superbe phrase mélodique descendante qui n’est pas sans évoquer celle qu’énonce l’orchestre pour décrire le sommeil dans... les Adieux de Wotan à la fin de La Walkyrie de Wagner. Le chœur, avec autant d’abandon que de tendresse, y répète la phrase de L’Apocalypse, «Les morts se reposent de leurs travaux», offrant au public un nouveau moment d’éternité.



Emmanuel Andrieu

 

 

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