About us / Contact

The Classical Music Network

Milano

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Passions exacerbées

Milano
Teatro alla Scala
09/29/2018 -  et 2, 6, 9*, 13, 18, 22, 25 octobre 2018
Giuseppe Verdi : Ernani
Francesco Meli (Ernani), Luca Salsi*/Simone Piazzola (Don Carlo), Ildar Abdrazakov*/Michele Pertusi (Don Ruy), Ailyn Pérez (Elvira), Daria Chernyi (Giovanna), Matteo Desole (Don Riccardo), Alessandro Spina (Jago)
Coro del Teatro alla Scala, Bruno Casoni (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Adám Fischer (direction musicale)
Sven-Eric Bechtolf (mise en scène), Julian Crouch (décors), Kevin Pollard (costumes), Marco Filibeck (lumières), Filippo Marta (vidéo), Lara Montanaro (chorégraphie)


(© Brescia-Amisano/Teatro alla Scala)


Cinquième opéra de Giuseppe Verdi, Ernani a été créé à Venise en 1844, soit deux ans après le triomphe de Nabucco à Milan. L’ouvrage se caractérise par sa fougue, sa richesse mélodique, son énergie dramatique ainsi que son paroxysme de situations et de sentiments, autant d’éléments indissociables des partitions de jeunesse du compositeur. Ernani consacre aussi les débuts en tant que librettiste de Francesco Maria Piave, lequel entamera une collaboration fructueuse avec Verdi, qui va durer vingt ans. L’intrigue est fondée sur la pièce éponyme, à une lettre près (Hernani), de Victor Hugo, dont la première en 1830 avait déclenché une bataille restée célèbre, entre les tenants du théâtre classique et les partisans du romantisme. Histoire sombre et passionnée d’amour, d’honneur et de vengeance, Ernani voit trois hommes se disputer les faveurs de la même femme. L’ouvrage n’avait plus été représenté à la Scala depuis 1982, année d’une exécution mémorable avec, sous la baguette de Riccardo Muti, Mirella Freni, Plácido Domingo, Renato Bruson et Nicolai Ghiaurov dans les rôles principaux.


Si l’affiche proposée aujourd’hui par le théâtre milanais pour le retour d’Ernani n’est pas aussi enthousiasmante, elle n’en tient pas moins ses promesses par sa solidité. Peut-être un peu emprunté devant ce mélodrame aux sentiments exacerbés, le metteur en scène Sven-Eric Bechtolf a choisi l’expédient du théâtre dans le théâtre : une troupe de comédiens ambulants joue Ernani, dans un décor composé de tréteaux, de poulies, de câbles et de toiles peintes qui descendent des cintres. On relèvera par ailleurs les magnifiques costumes colorés de Kevin Pollard. Les interprètes ont une gestuelle exagérée, ce qui traduit un certain détachement, voire de l’ironie. C’en était manifestement trop pour certains spectateurs de la première (à Milan, on ne touche pas impunément à Verdi), lesquels n’ont pas hésité à manifester bruyamment leur mécontentement au rideau final.


Dans la fosse, l’Orchestre de la Scala se présente en grande forme, sous la direction précise et équilibrée d’Adám Fischer. On regrette cependant que la lecture proposée par le chef manque de souffle et de flamme pour rendre pleinement justice au drame. La distribution est emmenée par le superbe Don Ruy d’Ildar Abdrazakov, au chant noble et autoritaire. On attend avec impatience de l’entendre dans Attila en décembre, pour l’ouverture de la saison 2018-2019. Francesco Meli interprète un Ernani ardent et lyrique, avec des aigus rayonnants et un chant tout en nuances. En Don Carlo, Luca Salsi impressionne avant tout par son phrasé et la prestance de son personnage. En Elvira, Ailyn Pérez est clairement en retrait, mais il faut dire, à sa décharge, que son rôle est particulièrement périlleux, avec des vocalises ahurissantes. Loin d’être parfaite, la soirée aura néanmoins été captivante pour avoir permis d’entendre un opéra rarement joué.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com