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Un nouveau Lohengrin politique

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Opera Vlaanderen
09/20/2018 -  et 23*, 26, 28 septembre (Gent), 7, 10, 14, 17, 20, 23 octobre (Antwerpen) 2018
Richard Wagner: Lohengrin
Zoran Todorovich (Lohengrin), Liene Kinca (Elsa von Brabant), Craig Colclough (Friedrich von Telramund), Iréne Theorin (Ortrud), Wilhelm Schwinghammer*/Thorsten Grümbel (Heinrich der Vogler), Vincenzo Neri (Heerrufer), Stephan Adriaens, Dejan Toshev, Alberto Martinez, Patrick Cromheeke (Brabantische Edle), Elisa Soster, Astrid Joos, Barbara Jop, Diana Santos (Edelknaben)
Koor Opera Vlaanderen, Jan Schweiger (chef des chœurs), Symfonisch Orkest Opera Vlaanderen, Alejo Pérez (direction)
David Alden (mise en scène), Paul Steinberg (décor), Gideon Davey (costumes), Adam Silverman (lumières)


(© Opera Vlaanderen)


L’Opéra des Flandres débute la saison avec Lohengrin (1850), coproduit avec le Royal Opera House Covent Garden, quelques mois après celui de la Monnaie. La proximité de ces deux spectacles dans le temps invite à les comparer. Celui de Bruxelles restera plus longtemps en mémoire, alors qu’il ne compte pas parmi les meilleures mises en scène d’Olivier Py. Comme son confrère, David Alden appose à l’histoire un argument politique, mais de manière plus confuse, bien que le propos se précise dans le troisième acte, avec une référence à peine voilée au national-socialisme, le cygne constituant le symbole d’un Etat totalitaire sur des drapeaux rouge, blanc et noir. Le metteur en scène réserve d’ailleurs ses meilleures idées au dernier acte, alors que le premier, qui se passe dans une cour d’immeuble industriel aux murs penchés et inclinés, tire un peu en longueur. Sa proposition ne se concrétise qu’au fur et à mesure, sans la cohérence et la beauté visuelle qu’Olivier Py atteignait. Mais il y a matière à défendre son travail. Le deuxième acte révèle ainsi une direction d’acteur plus imaginative, en particuliers dans la manipulation des choristes, David Alden recourant malgré tout à de banales images théâtrales – le lavement purificateur, la scène d’humiliation à la Wozzeck, l’étreinte amoureuse sur un lit de noces aux draps d’une blancheur immaculée.


La distribution suscite des impressions mitigées. Dans un premier temps, Liene Kinca dévoile en Elsa une voix chétive, mais après la première pause, le chant se pare de belles couleurs et gagne en fermeté et en ampleur, singulièrement dans la confrontation, intense, au deuxième acte avec Ortrud : une prestation un peu inégale, mais dans l’ensemble probante pour une prise de rôle, la soprano lettonne composant, par son physique et son jeu, un beau personnage féminin. Cette chanteuse familière de la scène flamande se montre en tout cas stylistiquement plus digne que le Lohengrin pieds nus et tout de blanc vêtus de Zoran Todorovich, au chant trop approximatif et souvent laid, à cause d’une émission artificielle et d’un timbre nasal ; la générosité et la sincérité de l’engagement ne compensent pas les défaillances vocales.


Wilhelm Schwinghammer remplace Thorsten Grümbel, annoncé souffrant, dans le rôle du Roi, facilement reconnaissable grâce à sa couronne. La voix ne pénètre pas assez dans le grave et parcourt trop superficiellement le bas du registre pour totalement convaincre, mais le chant demeure suffisamment assuré. Craig Colclough incarne puissamment Friedrich von Telramund, que le baryton-basse américain sert avec une remarquable diversité d’intonation – une prise de rôle pour lui aussi. Iréne Theorin trouve en Ortrud un nouveau rôle à sa mesure, elle qui a déjà incarné sur d’autres scènes des personnages aussi redoutables qu’Isolde et Brunhilde. La tenue vocale de qualité supérieure et la constante beauté du timbre participent à la crédibilité du personnage, femme d’affaires libidineuse qui arbore ses tatouages en ôtant son tailleur noir. Vincenzo Neri, enfin, ne rend pas le Héraut aussi charismatique et inoubliable que l’excellent Werner van Mechelen à Bruxelles, ce qui s’explique, en partie, par son apparence, celle d’un mutilé de guerre.


Ce qui se déroule dans la fosse comble davantage les attentes. Le public retrouve Alejo Pérez, applaudi dans Pelléas et Mélisande en février dernier et désigné directeur musical de l’institution flamande à compter de la saison prochaine, en même temps qu’entrera en fonction Jan Vandenhouwe, qui succède à Aviel Cahn au poste de directeur artistique. Même si l’orchestre ne possède pas tout à fait l’aura des plus grandes formations, sa prestation ne manque ni de souffle, ni de nuance, cette qualité étant perceptible dans le splendide prélude du deuxième acte. Les pupitres dispensent de belles sonorités et se montrent d’une admirable justesse expressive, malgré quelques baisses de tension, en particulier dans le troisième acte. C’est ainsi que les cuivres, majestueux et la plupart du temps précis, méritent d’être acclamés, et davantage que le titulaire du rôle-titre. Quant aux choristes, scrupuleusement préparés par Jan Schweiger, ils s’investissent pleinement, fidèles en cela à leur habitude.


Le site de l’Opéra des Flandres



Sébastien Foucart

 

 

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