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Bartabas, le retour

Paris
Boulogne-Billancourt (La Seine musicale)
09/21/2018 -  et 22, 23, 25, 26 septembre 2018
Igor Stravinski : Le Sacre du printemps – Symphonie de Psaumes
Académie équestre de Versailles, Bartabas (scénographie, chorégraphie), Bertrand Couderc (lumières)
Chœur de Radio France, Lionel Sow (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction)


(© A. Poupel)


Bartabas était déjà venu l’année dernière à La Seine musicale pour un spectacle autour du Requiem de Mozart qui avait montré ses limites. En ce début de saison, place au Sacre du printemps et à la Symphonie de psaumes de Stravinski, déjà associés lors du célèbre Triptyk écrit pour son théâtre Zingaro, dont on avait pu voir plusieurs représentations en 2000 à Villepinte avec l’Orchestre de Paris et son chœur sous la direction de Pierre Boulez. Cette fois, l’Orchestre philharmonique et le Chœur de Radio France étaient en charge de la partie musicale, sous la direction de Mikko Franck. Mais ce spectacle, malgré une indéniable beauté formelle et esthétique et une belle réalisation musicale, n’emporte pas complètement la conviction.


Le dôme central (sans doute image de la Terre), le cercle ouvert dans lequel évoluent les chevaux, le long voile blanc central quasi omniprésent participent d’une épure visuelle très réussie. Il en est de même des belles lumières de Bertrand Couderc. La prestation musicale est de grande qualité et la troupe de Bartabas (treize écuyères et acrobates, sept danseurs indiens venus du Kerala, dix-huit chevaux) d’un incroyable niveau, mais le mariage entre les deux univers ne fonctionne que partiellement. Certains passages sont particulièrement réussis esthétiquement et en termes de mouvements, d’autres semblent tourner comme à vide. Bien entendu, les chevaux sont constamment magnifiques, superbement tenus, voire parfois étonnamment libres lorsqu’ils se couchent sur le dos, et la précision de l’ensemble témoigne du professionnalisme d’une équipe de très haut niveau. Quant aux danseurs du Kerala leur souplesse, leur puissance et leur vivacité impressionnent.


Ce n’est pas faire affront à Mikko Franck ni à l’excellent Orchestre philharmonique de Radio France que d’affirmer qu’ils sonnent mieux à la Philharmonie de Paris, voire à l’Auditorium de Radio France, qu’enfermés dans une fosse comme ils le sont dans cette grande salle de La Seine musicale. Et ce caractère tribal et sauvage du Sacre du printemps que Bartabas et ses danseurs du Kerala nous proposent, par exemple à la fin de la première partie avec des images de poursuite (d’esclaves?) d’une grande violence, n’est pas toujours porté par la lecture, sans doute trop sobre, de Mikko Franck. De plus, le mélange danseurs et cavaliers ne fonctionne pas toujours, hésitant parfois entre une chorégraphie simple (qui n’est pas sans faire penser à celle de Béjart) et un vrai spectacle à la fois chorégraphique et équestre.


Est-ce la redondance des images sur un texte, qui plus est religieux qui gêne? En tout cas, la magie opère encore moins pour la Symphonie de psaumes. Cette dernière était également moins bien servie musicalement avec un Chœur de Radio France en assez petite forme, notamment du côté des femmes (entrées initiales fragiles, timbres parfois ingrats, harmonies mal entendues), et des tempi étonnamment rapides (notamment dans le final) de Mikko Franck. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que commencer par la Symphonie de psaumes aurait sans doute mieux fonctionné.


Au total, on l’a compris, ce spectacle déçoit. La réalisation musicale sans doute trop froide ne convainc pas complètement et le mariage Bartabas/Stravinski ne fonctionne pas à chaque instant. Bartabas, qui dit ne pas vouloir reprendre ses spectacles antérieurs et a donc fait ici une exception, aurait-il dû en rester à la production de 2000? Vous pouvez vous faire votre opinion jusqu’au 26 septembre.



Gilles Lesur

 

 

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