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Jamais deux sans trois

Saint-Céré
Prudhomat (Château de Castelnau-Bretenoux)
08/04/2018 -  et 23, 25 mars (Massy), 8, 12, 15* août (Prudhomat) 2018
Jacques Offenbach : Les Contes d’Hoffmann
Jean-Noël Briend (Hoffmann), Serenad B. Uyar (Olympia, Giulietta, Antonia, Stella), Christophe Lacassagne (Lindorf, Coppelius, Dapertutto, Dr. Miracle), Inès Berlet/Lamia Beuque* (Nicklausse, Voix de la mère), Eric Vignau (Cochenille, Pittichinaccio, Frantz, Andrès), Josselin Michalon (Luther, Crespel), Yassine Benameur (Hermann, Schlemil), Lionel Muzin (Nathanaël, Spalanzani)
Chœur et Orchestre Opéra éclaté, Mehdi Lougraïda (direction musicale)
Olivier Desbordes et Benjamin Moreau (mise en scène), Jean-Michel Angays (costumes), Patrice Gouron (décors), Joël Fabing (lumières)


S. B. Uyar, J.-N. Briend (© Nelly Blaya)


Olivier Desbordes entretient une relation toute particulière avec Les Contes d’Hoffmann: non seulement c’est l’opéra avec lequel il fit ses débuts à la mise en scène, en 1983, mais il ne cesse d’y revenir, comme en 2008. Mais la force de la partition, ses échos musicaux et littéraires, l’histoire même de cette œuvre ultime d’Offenbach qui se mêle au propos du livret, tout cela lui a semblé pouvoir encore être creusé. Le directeur artistique du Festival de Saint-Céré remet donc l’ouvrage sur le métier pour la troisième – et dernière, assure-t-il – fois, en collaboration avec Benjamin Moreau, conseiller artistique à la programmation du Festival (de théâtre) de Figeac.


Présentée à Fribourg en début d’année puis à Massy au printemps, cette production, dans d’étincelants costumes de Jean-Michel Angays, se situe dans la lignée des deux précédentes. On en retrouve en effet quelques-unes des images-clefs: la table octogonale occupant l’essentiel du plateau, les diamants s’illuminant au doigt de Dapertutto et des choristes, la grande nappe rouge enveloppant Antonia... Mais dans la cour du château de Castelnau-Bretenoux, des éléments nouveaux viennent enrichir les décors de Patrice Gouron, comme une toile évoquant un ciel nuageux, cinq lampes qui éclairent, tout en haut de leur potence, le monde imaginaire et, une fois descendues au niveau de la scène, le monde réel, ou les références au cirque, avec le fouet manié par Cochenille et Nicklausse vêtu et grimé en auguste.


C’est la version Choudens qui est retenue, avec dialogues parlés et, non sans pertinence avec la conception d’ensemble, l’acte de Giulietta passe avant celui d’Antonia: peu à peu, une vision de plus en plus sombre s’impose, que soulignent des citations de Baudelaire (Les Fleurs du mal, Le Spleen de Paris) – un contemporain exact d’Offenbach – et d’E. T. A. Hoffmann lui-même. Le poète, à l’épilogue, est devenu un véritable ivrogne, bouteille à la main, entouré de camarades de beuverie éteints et absents.


Annoncé souffrant, Jean-Noël Briend, de fait, peine à assurer le rôle-titre: la voix se brise parfois, le timbre est atteint par intermittences – une vraie frustration, car quand ces soucis ne le tracassent pas, il livre une belle prestation. Serenad B. Uyar incarne les trois rôles féminins, avec vaillance et solidité, vocalement et théâtralement plus aboutie en Antonia. Christophe Lacassagne, qui chantait Luther et Crespel il y a dix ans, est désormais le diable dans tous ses avatars: comme toujours chez lui, la composition dramatique vient à l’appui d’une parfaite musicalité. D’une grande aisance sur l’ensemble de la tessiture, Lamia Beuque est assurément un nom à retenir au vu de son Nicklausse tour à tour agile, spirituel, velouté et profond. Fidèle entre les fidèles du festival, Eric Vignau jouait déjà les quatre valets en 2008 et reste impayable dans l’air de Frantz. Placé cette année à cour (et non à jardin comme le plus souvent), l’orchestre (vingt-trois musiciens), finement dirigé par Mehdi Lougraïda, fait preuve de ses qualités et limites habituelles.



Simon Corley

 

 

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