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Autour de Bach

Oviedo
Iglesia de Santa Maria la Real de la Corte
08/09/2018 -  
Johann Sebastian Bach : Toccata en ré mineur, BWV 913a – Aus tiefer Not, schrei ich zu dir, BWV 1099 – Herzlich Lieb hab ich dich, o Herr, BWV 1115 – Werde munter, mein Gemüte, BWV 1118 – Partite diverse sopra «Ach, was soll ich Sünder machen?», BWV 770 – Capriccio in honorem Johann Christoph Bachii, BWV 993 – Canzona en ré mineur, BWV 588 – Capriccio sopra la lontananza del suo fratello dilettissimo, BWV 992
Girolamo Frescobaldi : Fiori musicali: Bergamasca
Nicolas de Grigny : Livre d’orgue: Point d’orgue sur les grands jeux

Benjamin Alard (orgue)


(© Stéphane Guy)


Chaque année, dans le cadre du festival d’été de la ville d’Oviedo, est proposé un récital d’orgue en l’église de Santa Maria la Real de la Corte. L’initiative est heureuse puisqu’il s’agit d’orgues anciennes – de la fin du dix-huitième siècle – tout à fait exceptionnelles en Espagne compte tenu de l’histoire du pays et singulièrement de la région. Au surplus, la plupart des orgues ayant subsisté sont silencieuses en raison de leur état. Même l’orgue symphonique de la cathédrale d’Oviedo, pourtant beaucoup plus récent (1905 et fortement remanié dans les années soixante), demeure silencieux. Depuis trente ans que nous fréquentons la ville, nous ne l’avions jamais entendu. C’est donc avec une grande surprise que le 5 août, de passage dans la cathédrale, nous avions pu découvrir ses sonorités, l’organiste, déprimé, nous révélant toutefois que de nombreux éléments restaient hors d’usage, limitant ainsi considérablement le répertoire jouable.


S’agissant des orgues de l’église de Santa Maria la Real de la Corte, juste derrière la cathédrale, elles purent bénéficier d’une ultime restauration en 1988, sous l’égide de Gerhard Grenzing, facteur allemand installé près de Barcelone depuis de nombreuses années et ayant sauvé de nombreuses orgues ibériques.


L’heureuse initiative consistant à les faire jouer se doublait cette année de celle consistant à avoir invité Benjamin Alard, titulaire des orgues de Saint-Louis-en-l’Ile, à Paris.


L’organiste, que nous avons pu rencontrer à l’issue du concert, avait pris connaissance des caractéristiques de l’instrument bien en amont et avait repéré que la taille de son clavier de cinquante-quatre touches permettait de jouer certaines œuvres relevant de son répertoire de prédilection, des pièces de Johann Sebastian Bach, les orgues anciennes hispaniques disposant d’ordinaire de claviers trop petits. Il s’était adapté à l’instrument en l’essayant le matin même.


Benjamin Alard présenta un récital d’une heure environ articulé autour de trois noms «étrangers»: l’Allemand Johann Sebastian Bach (1685-1750), l’Italien Girolamo Frescobaldi (1583-1643) et le Français Nicolas de Grigny (1672-1703), replaçant ainsi des œuvres peu jouées du Cantor dans leur contexte historique et reprenant une partie de son coffret publié cette année chez Harmonia Mundi.


Il sut parfaitement faire chanter cet instrument exceptionnel – un des quatre instruments anciens restant aux Asturies –, le manœuvrant avec souplesse et un sens musical remarquable. Le concert étant donné d’une traite, avec de nombreuses pages dont certaines composées de plusieurs pièces (six mouvements pour le Caprice sur le départ de son frère bien-aimé, Johann Jakob Bach, écrit initialement pour clavecin), le public eut quelque mal à se repérer dans le programme. La Bergamasque (1635) de Frescobaldi était toutefois notable. Il s’agissait d’une curiosité absolument charmante, originale et typiquement baroque: l’organiste devait frapper l’instrument de ses pieds et imiter le rossignol. L’extrait du Livre d’orgue (1699) de Nicolas de Grigny, admiré par Bach, nous emmena pour sa part et pour conclure au Grand siècle français, avec sa grandeur, voire sa «furia francese» en faisant sonner tous les jeux et notamment ses registres de trompette. Superbe.


Même si on pouvait regretter de ne pas avoir entendu de pièces espagnoles, on ne pouvait qu’admirer la fluidité de jeu et la sûreté de Benjamin Alard, n’excluant pas une certaine urgence, un certain caractère pour tout dire. Alors que les concerts d’été se déroulent la plupart du temps dans des lieux inadaptés aux programmes et aux instruments (cloîtres et patios à forte réverbération), ce n’était évidemment pas le cas ici. Alors qu’ils ne sont réservés en général, en raison des lieux, qu’à un public limité, c’est une assistance nombreuse qui vint au concert. Il devrait y avoir là matière à réflexion, pour la restauration des orgues des environs, la composition des programmes et le choix des lieux des concerts.



Stéphane Guy

 

 

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