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Aux confins du rythme

Oviedo
Cloître du Musée archéologique
07/31/2018 -  
Maurice Ravel : Don Quichotte à Dulcinée (arrangement pour violoncelle et piano) – La Valse (réduction pour piano)
Zoltán Kodály : Sonatine pour violoncelle et piano, opus 4
Gregor Piatigorsky : Prélude – Oraison – Promenade
Raquel Rodríguez : Improvisaciones
Bohuslav Martinů : Sept Arabesques (Etudes rythmiques), H. 201

Duo Eureka: María Cueva Méndez (piano), Cristina Ponomar Fueyo (violoncelle)


C. Ponomar Fueyo, M. Cueva Méndez (© Stéphane Guy)


Le festival d’été d’Oviedo 2018 proposait sous les ogives de pierre blonde du cloître du Musée archéologique des Asturies, maudit chaque année dans ces colonnes pour son acoustique parfaitement inadaptée à la musique de chambre, un concert intitulé «Aux confins du rythme». D’une heure, il était d’ailleurs mené par un duo Eureka jouant pour l’occasion, tantôt ensemble, tantôt séparément, un programme plutôt original composé de pièces assez virtuoses du vingtième siècle et donné d’une traite.


De Maurice Ravel (1875-1937), on entendit tout d’abord un arrangement pour piano et violoncelle de ses trois mélodies composées sur le thème de Don Quichotte (1933). Evidemment, on perd au passage l’humour des textes et le jeu de la violoncelliste a de surcroît tendance à aplatir le discours. L’ensemble est propre mais marqué par trop de prudence. Suivait une réduction pour piano seul de La Valse (1921). La pianiste, formée entre autres à Oviedo et à Paris, géra assez bien la réverbération excessive des lieux, le couvercle de son piano n’étant heureusement pas ouvert complètement. Elle sut passer d’une ironie grinçante à l’évocation d’un monde en train de s’effondrer avec fracas, démontrant un sens musical certain comme une technique assez sûre.


On découvrit ensuite des pièces de Gregor Piatigorsky (1903-1976), moins connu pour avoir composé que pour être un immense violoncelliste ayant joué avec les plus grands – juifs exilés aux Etats-Unis pour la plupart – et évitant soigneusement la France à la suite d’une mauvaise critique. La jeune violoncelliste, formée à Oviedo et membre de l’orchestre philharmonique de la ville, entama seule à son tour un Prélude sombre, pour ne pas dire boueux, puis, abandonnant sa partition, les yeux fermés, déploya un jeu d’une belle intériorité pour une Oraison rendant hommage à Ernest Bloch, autre grand exilé. Une Promenade illustrant une rencontre entre Prokofiev et Chostakovitch évoqua alors plus le compositeur de L’Amour des trois oranges que le second mais permis d’admirer la virtuosité presque sans faille de la violoncelliste.


De Zoltán Kodály (1882-1967), le Duo Eurêka recomposé interpréta ensuite sa Sonatine (1910), œuvre inachevée, presque debussyste et n’ayant jamais vraiment satisfait son auteur. Le jeu de la violoncelliste ne parvint malheureusement guère cette fois à convaincre. Il en fut ensuite de même avec la pianiste dans des Improvisations d’une jeune compositrice (née en 1980) ayant ses racines à Oviedo et à León, de l’autre côté de la chaîne cantabrique, Raquel Rodríguez. Aux arpèges sans originalité succédèrent des syncopes hispanisantes plus ou moins ravéliennes mais ne retenant pas vraiment l’attention.


Le concert s’acheva heureusement par des Arabesques du rythmicien hors pair qu’était Bohuslav Martinů (1890-1959) – «B. Martin» sur le programme. La cohérence et l’entente des deux artistes furent évidentes dans ces pages éminemment rhapsodiques, souvent marquées par le jazz (deuxième Arabesque notamment). Elles n’eurent aucune peine pour nous emporter de façon irrésistible dans la quatrième Arabesque, sans jamais courir le risque de la sortie de route, et interprétèrent merveilleusement bien la dernière des Arabesques, rappelant curieusement Le Petit Nègre de Debussy.


Tout sourire malgré le crachin tombant sur le cloître, elles ne se firent pas prier pour offrir un bis adapté aux lieux: un arrangement d’Asturias d’Isaac Albéniz. On ne comprit pas vraiment pas le rôle et l’intérêt de la partie de violoncelle mais le tube eut le succès attendu et le plaisir des artistes consistant à jouer ensemble ne faisait pas de doute.



Stéphane Guy

 

 

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