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Deuxième semaine

Verbier
Salle des Combins
07/29/2018 -  

15 heures
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 20, K. 466
Felix Mendelssohn : Symphonie n° 5 «Reformation», opus 107

Richard Goode (piano)
Orchestre des jeunes du Festival de Verbier, Alain Altinoglu (direction)


19 heures
Mikhaïl Pletnev : Fantasia Helvetica [*]
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2, opus 18 [#]
Alexandre Glazounov : Les Saisons, opus 67 [&]

Lucas Debargue [*], Evgeny Kissin [#] (piano)
Orchestre du Festival de Verbier, Stanislav Kochanovsky (direction) [*], Mikhaïl Pletnev (piano [*], direction [# &])


A. Altinoglu, R. Goode (© Aline Paley)


Verbier deuxième semaine. Le festival valaisan se remet d’une semaine de festivités pour son vingt-cinquième anniversaire. Elles auront été marquées par l’arrivée à la direction artistique du Verbier Festival Orchestra de Valery Gergiev, qui a dirigé le concert d’ouverture, celui du gala d’anniversaire et une représentation en concert de l’opéra Adriana Lecouvreur de Francesco Cilea.


Une fois retombée l’excitation de cette semaine festive, on a pu entamer la deuxième partie du festival en toute sérénité avec un concert d’après-midi a priori plus modeste, le deuxième de la saison du Verbier Junior Festival Orchestra (VJFO), dirigé par Alain Altinoglu. Lancé en 2013 par Daniel Harding, ce programme préprofessionnel de formation orchestrale pour des musiciens internationaux âgés de 15 à 18 ans se concrétise par un orchestre aux performances absolument stupéfiantes. Car mener à bien un concerto de Mozart, fût-ce avec un pianiste lui-même éminent pédagogue, est une chose étonnante, mais jouer la Symphonie «Réforme» de Mendelssohn à un tel niveau de perfection technique et avec un tel souffle romantique force l’admiration.


Le pianiste américain Richard Goode, si rare en Europe, a joué avec un style parfaitement classique et une sonorité chantante le Vingtième Concerto de Mozart. Rien de tel qu’une interprétation aussi pondérée pour permettre à cet orchestre de juniors de montrer une belle discipline d’ensemble et ses qualités individuelles, notamment dans les pupitres de vents. En revanche, ce sont ses qualités de dynamique d’ensemble et d’équilibre qu’a magnifiées Alain Altinoglu, qui avait préparé et dirigeait ce concert exceptionnel. Après avoir souligné l’extrême jeunesse de ses participants, le chef français a entraîné l’ensemble dans une Vingt-et-unième Danse hongroise de Brahms endiablée. Richard Goode avait pour sa part accordé comme bis la Sixième des Variations Goldberg de Bach.



L. Debargue, M. Pletnev, S. Kochanovsky (© Nicolas Brodard)


Le soir dans le même lieu dont le toit a été cette année renforcé pour parer aux bruits de la pluie, grande absente pour l’instant de cette édition, c’est le Verbier Festival Orchestra qui était sur scène pour un concert au programme entièrement russe. Début avec la Fantasia Helvetica de Mikhaïl Pletnev, pièce pour deux pianos et orchestre créée en 2006 au Festival de Winterthur sous la direction de son compositeur avec les pianistes Sascha et Mischa Manz. Commande de Madame Ljuba Manz-Lurje, mécène suisse d’origine ukrainienne, cette pièce figure en bonne place au catalogue de Pletnev, pianiste, chef d’orchestre arrangeur et compositeur, et Martha Argerich l’a jouée, notamment à Lugano, et enregistrée. C’est précisément elle qui devait la reprendre mais sa défection du festival (qui n’a pas donné lieu à ce jour à une explication ou un commentaire) a permis à Lucas Debargue de prendre sa place, ce que ce pianiste français a fait avec beaucoup de brio en équipe avec Pletnev au second piano. L’œuvre est une fantaisie en quatre mouvements sur des thèmes du folklore suisse très brillamment développés, avec beaucoup d’humour et un grand soin dans l’orchestration. La polka finale en est le clou, permettant une joute virtuosissime entre les deux pianistes et un véritable déchaînement orchestral parfaitement dirigé par Stanislav Kochanovsky, jeune chef russe qui participe cette année au programme académique du festival. On pourra en juger sur YouTube et grâce à medici.com, qui a enregistré la bonne moitié de ce concert.


Car – trois fois hélas! – ce n’était pas lui qui devait diriger la suite du concert mais bien Mikhaïl Pletnev, qui a littéralement embaumé le Deuxième Concerto de Rachmaninov, le dirigeant avec une lenteur sépulcrale et, comme on peut le constater sur les écrans géants qui encadrent la scène, avec une gestuelle métronomique et une raideur corporelle peu propres à captiver des musiciens qui gardaient le nez plongé dans la partition. Evgeny Kissin, en grand professionnel, a pu tirer son épingle du jeu, obtenir de l’instrument des sonorités magnifiques et tenter des phrasés cohérents mais l’œuvre ne sortait pas indemne de cet enterrement de première classe.


C’est toujours un grand moment que d’écouter Kissin dans sa maturité, aujourd’hui ravagé de tics en jouant, ce pour quoi les écrans géants étaient sans pitié. Il est revenu seul balayer d’un coup cette sinistrose en démontrant avec la Méditation (opus 72 nº 5) de Tchaïkovski ce que peut être sous ses doigts l’expression du grand souffle romantique.



Olivier Brunel

 

 

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