About us / Contact

The Classical Music Network

München

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Quand musique et peinture font bon ménage

München
Nationaltheater
06/28/2018 -  et 1er, 5*, 8, 31 juillet 2018
Richard Wagner : Parsifal
Christian Gerhaher (Amfortas), Bálint Szabó (Titurel), René Pape (Gurnemanz), Jonas Kaufmann (Parsifal), Wolfgang Koch (Klingsor), Nina Stemme (Kundry), Kevin Conners (Erster Gralsritter), Callum Thorpe (Zweiter Gralsritter), Rachael Wilson (Stimme aus der Höhe), Paula Iancic (Erster Knappe), Tara Erraught (Zweiter Knappe), Manuel Günther (Dritter Knappe), Matthew Grills (Vierter Knappe), Golda Schultz, Selene Zanetti, Tara Erraught, Noluvuyiso Mpofu, Paula Iancic, Rachael Wilson (Klingsors Zaubermädchen)
Chor der Bayerischen Staatsoper, Sören Eckhoff (préparation), Kinderchor der Bayerischen Staatsoper, Stellario Fagone (preparation), Bayerisches Staatsorchester, Kirill Petrenko (direction musicale)
Pierre Audi (mise en scène), Georg Baselitz (décors), Christof Hetzer (collaboration aux décors), Florence von Gerkan (costumes), Tristan Sczesny (collaboration aux costumes), Urs Schönebaum (lumières), Benedikt Stampfli, Klaus Bertisch (dramaturgie)


(© Ruth Walz)


Si elle a fait l’unanimité, ou presque, pour sa partie musicale et vocale, la nouvelle production de Parsifal qui a ouvert le festival d’opéra de Munich 2018 a divisé les esprits pour sa réalisation scénique, allant jusqu’à susciter des réactions violentes d’une partie du public. La raison de ce mécontentement tient aux décors réalisés par le peintre Georg Baselitz. Le célèbre artiste allemand est connu pour ses corps déformés et désincarnés, souvent la tête à l’envers. Au début de chaque acte, des toiles peintes d’avant-scène permettent d’ailleurs au public de découvrir ses personnages, identifiables entre tous. Le premier acte se déroule dans une forêt sombre, peuplée de troncs calcinés et de carcasses d’animaux. On se croirait après un cataclysme ou une catastrophe nucléaire, dans une ambiance glauque et mortifère. Le troisième acte se joue dans le même décor, mais les arbres ont cette fois leur pointe à l’envers. Pour l’acte II, le château de Klingsor est évoqué par une toile blanche couverte de lignes noires, qui s’affaisse lorsque le magicien perd ses pouvoirs.


Les chevaliers du Graal sont habillés de vêtements tout en rondeurs, qui leur donnent des formes de bonhomme Michelin. A la fin de l’acte I, au moment de la cérémonie du Graal, les chevaliers se déshabillent pour laisser apparaître des corps gras et flasques. Un tel traitement peut sembler paradoxal, puisque le Graal est synonyme de régénération, mais la scène est saisissante lorsqu’on découvre ces corps dépouillés, dans leur plus simple appareil, qui semblent comme revenus à leur état originel. Les filles-fleurs du deuxième acte ont des seins énormes et des fesses rebondies, là encore la chair sous ses formes les plus primitives comme arme de séduction. Dans ces décors troublants mais puissamment évocateurs, le metteur en scène Pierre Audi semble s’être borné à donner quelques indications de mise en place car tout est très statique ici, le futur directeur du Festival d’Aix ayant choisi d’être en retrait par rapport à Baselitz.


Au rideau final, c’est le chef Kirill Petrenko qui a été le plus applaudi. Des applaudissements amplement mérités, tant sa direction est magistrale. Dès les premières notes, on est ébloui par sa lecture posée et majestueuse, en même temps sereine et lumineuse. Certes, ce Parsifal perd ainsi un peu de son mystère, mais quelle clarté, quelle transparence, quel souci du moindre détail. Et pourtant, ce qu’on retient avant tout, c’est la tension dramatique extrême qui se dégage de la fosse, prouvant, si besoin est, que Kirill Petrenko est un formidable chef d’opéra. Qui plus est, le maestro porte chacun des chanteurs, aucun d’entre eux n’ayant besoin de forcer.


Le plateau vocal réuni à Munich semble difficilement surpassable aujourd’hui. Si l’on n’attendait pas forcément Christian Gerhaher – plutôt adepte du lied – en Amfortas, force est de reconnaître que son incarnation est tout simplement bouleversante, ses cris de douleur lancinants provoquant des frissons. René Pape campe un Gurnemanz d’une profonde noblesse, avec une belle autorité vocale. Nina Stemme réussit à donner à Kundry toute l’ambivalence du personnage, avec une voix d’une puissance inouïe, mais capable aussi de splendides nuances. Le timbre sombre de Jonas Kaufmann convient parfaitement à Parsifal, le chanteur se révélant un magnifique heldentenor dans le deuxième acte, sachant également envoûter par de splendides pianissimi. Et pour ne rien gâcher, Wolfgang Koch est le plus terrifiant des Klingsor.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com