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Embrasements orchestraux

Paris
Le Centquatre-Paris
06/23/2018 -  
David Clay Mettens : Gilt
Sina Fallahzadeh : Zurwan
Diego Jiménez Tamame : IMPACT / TREMORS / SHIFTING
LanQing Ding : The Turning Point
Utku Asuroglu : Provocation
Clara Olivares : Blue Spin
Jinwook Jung : »Unerasing«
Cameron Graham : Slow.Burn.Footwork
Karlheinz Stockhausen : Hymnen (Dritte Region)

Ensemble ULYSSES, Orchestre philharmonique de Radio France, Peter Rundel (direction)


P. Rundel


Tel un écho fortuit à la Coupe du monde de football, la programmation de ce concert associe l’emblématique Hymnen de Karlheinz Stockhausen (1928-2007) à des « esquisses écrites par huit jeunes compositeurs de l’atelier de composition (...) dans le cadre de la master classe d’interprétation pour orchestre ».


Le cahier des charges assignait une limite de cinq minutes (façon Alla Breve sur France Musique)... ce que nos jeunes compositeurs venus des quatre coins du monde ont respecté à la lettre : il y a ceux qui privilégient le travail sur le son, avec une ascendance perceptible de l’univers électroacoustique comme dans le spectaculaire et tellurique Provocation du Turc Utku Asuroglu (né en 1986) ou le très communicatif IMPACT / TREMORS / SHIFTING de l’Espagnol Diego Jiménez Tamame (né en 1990). Au Britannique Cameron Graham (né en 1989) reviennent les assauts de percussions minimalistes qui referment le triptyque Slow.Burn.Footwork, tandis que le Coréen Jinwook Jung (né en 1994) opte pour un ostinato de timbales issu de quelque rituel ancestral (»Unerasing«). L’Académie ManiFeste avait chargé le compositeur Franck Bedrossian et le chef d’orchestre Peter Rundel d’encadrer nos jeunes pousses. Cela s’entend par la qualité (de facture, d’élaboration discursive) des œuvres sélectionnées qui, en dépit de l’écoute discontinue impliquée par l’exercice, démontrent que le grand orchestre symphonique a encore de beaux jours devant lui...


Une seule œuvre mais non des moindres nous attend après l’entracte avec Hymnen dans sa version de 1969, créée en 1971 par le Philharmonique de New York (du temps où Pierre Boulez était son directeur musical) sous la baguette du compositeur. S’y confrontent bruits concrets, cris, chants, paroles, sons électroniques... et hymnes nationaux. La Troisième Région est centrée sur les hymnes soviétique, nord-américain et espagnol, auxquels le geste démiurgique de Stockhausen imprime une torsion dont la formidable plasticité résulte des heures de travail passées en studio (la première version de Hymnen prend la forme d’une immense fresque « électronique et concrète »). Les passages ad libitum auxquels succèdent de péremptoires pédales de cuivres et autres lames de fond des contrebasses semblent marquer la transition entre la période dite « intuitive » d’Aus den sieben Tagen (1968) et celle, d’un mysticisme de plus en plus accusé, de Mantra (1970) et Inori (1974). Une pointe de théâtre musical perce quand l’un des altistes se lève un instant pour recevoir la lumière des projecteurs. D’une formidable efficacité, Peter Rundel obtient le meilleur du Philharmonique de Radio France et de l’Ensemble ULYSSES, réunis pour l’un des embrasements orchestraux les plus impressionnants de l’histoire de la musique.


Une interprétation à la hauteur de celle que Peter Eötvös donna à la tête de l’Ensemble intercontemporain et de l’Orchestre du Conservatoire de Paris en la Cité de la musique. C’était le 16 janvier 2002. Le maître, qui officiait à la projection du son, avait assuré à cette occasion une présentation de son œuvre avec ce mélange de naïveté et d’autorité qui le caractérisait. Grand moment.



Jérémie Bigorie

 

 

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