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L’infatigable Leo Nucci

Liège
Opéra royal de Wallonie
06/12/2018 -  et 14, 17*, 20, 23, 26 juin 2018
Giuseppe Verdi: Macbeth
Leo Nucci (Macbeth), Tatiana Serjan (Lady Macbeth), Gabriele Mangione (Macduff), Giacomo Prestia (Banco), Papuna Tchuradze (Malcolm), Roger Joakim (Medico, Sicario), Alexise Yerna (Dama di Lady Macbeth), Benoit Delvaux (Un serviteur), Alexei Gorbatchev (Un héraut), Dominique Detournay, Ludivine Scheers, Marc Tissons (Apparitions)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Pierre Iodice (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Paolo Arrivabeni (direction)
Stefano Mazzonis di Pralafera (mise en scène), Jean-Guy Lecat (décors), Fernand Ruiz (costumes), Franco Marri (lumières)


(© Opéra royal de Wallonie)


La saison à l’Opéra royal de Wallonie se termine avec une nouvelle production de Macbeth (1847), dix ans après la précédente. L’institution lyrique liégeoise témoigne de sa fidélité à beaucoup de chanteurs plus ou moins illustres, comme Leo Nucci, de retour moins de deux ans après Nabucco. A soixante-seize ans, le baryton constitue un modèle de longévité vocale. Cette force de la nature assure une prestation d’un engagement et d’une expressivité admirables, ce qui compense un jeu scénique rudimentaire et une longueur de souffle limitée, en particulier dans son dernier grand air, au quatrième acte, où la voix peine à rester stable. Malgré un medium appauvri et un vibrato marqué, le chant se définit par une notable qualité d’intonation et de phrasé.


Il existe assurément d’autres barytons à même d’offrir de Macbeth une interprétation plus impeccable, mais trouver une meilleure Lady semble bien difficile. Tatiana Serjan possède exactement le profil de ce rôle redoutable, qu’elle a déjà incarné sur d’autres scènes, en particulier à Salzbourg, sous la direction de Riccardo Muti – une excellente école. La voix exerce d’emblée un fort pouvoir d’attraction, par sa capacité à explorer les registres en profondeur et avec habilité, tout en maintenant avec allure et fermeté une ligne nette et un timbre corsé. La mise en scène ne révèle toutefois pas totalement le potentiel dramatique de cette soprano de grande valeur. Les autres rôles sont bien distribués, mais le reste du plateau pâtit tout de même de la proximité de ces deux artistes d’exception. Gabriele Mangione se montre assez vaillant et stylé en Macduff, de même que, de manière plus anecdotique, Papuna Tchuradze en Malcolm, tandis que Giacomo Prestia parvient tout juste à se démarquer en Banco par sa profonde voix de basse.


Paolo Arrivabeni n’exerce plus la fonction de directeur musical depuis l’an passé, mais ce chef des plus expérimentés dans ce répertoire retrouve l’orchestre pour un résultat satisfaisant, en dépit de tempi parfois trop retenus et de régulières baisses de tension. Sous sa direction scrupuleuse, les différents pupitres se hissent à leur niveau habituel de netteté et de vigueur, malgré une sonorité inégale, en particulier celles des cordes, peu séduisantes. Les choristes se présentent bien préparés, mais pas toujours très énergiques et expressifs; les sorcières laissent ainsi trop indifférents.


La scénographie surprend positivement de prime abord. Pour une fois, dans ce théâtre, le metteur en scène et le décorateur imaginent un dispositif épuré et abstrait, de belle facture et bénéficiant d’éclairages recherchés. Par conséquent, compte tenu de ce louable parti pris esthétique, la descente, en provenance des cintres, d’un panneau représentant une table de banquet relève du plus parfait mauvais goût. Les idées maîtresses – l’échiquier, le miroir suspendu – de ce spectacle fidèle et lisible restent trop peu exploitées, mais elles ne deviennent jamais, de ce fait, un procédé systématique. Témoignant à nouveau de la compétence des ateliers, les costumes paraissent lourds, à moins que ce soit pour montrer les personnages prisonniers de leur fonction et de la situation; les couvre-chefs, disproportionnés, rappellent des pions de jeu d’échecs.


Mais Stefano Mazzonis di Pralafera demeure un piètre directeur d’acteurs. Les chanteurs adoptent un jeu scénique de pure convention, ce qui amoindrit le potentiel dramatique de cet opéra – et que dire de ces guerriers remuant de chétives brindilles dans la forêt de Birnam, exemple caricatural de posture scénique d’un autre âge. L’incarnation de Leo Nucci suggère même que le metteur en scène laisse le vétéran se produire à sa guise, sans rien lui imposer de trop contraignant. Cette production adopte la version de 1865, avec le final de la version primitive, tout à la gloire de Nucci qui peut ainsi finir seul sur scène. Le troisième acte conserve donc son ballet, stimulante page d’orchestre accompagnée par une chorégraphie dépourvue d’intérêt.


Stefano Mazzonis di Pralafera, qui dédie ce spectacle à la mémoire des victimes de l’attentat terroriste survenu à Liège le 29 mai dernier, prend la parole avant le Prélude pour annoncer le décès accidentel, la veille, d’un membre du chœur, à qui l’équipe artistique rend un hommage sobre et touchant lors des saluts. La saison prochaine, le directeur musical et artistique s’occupera personnellement de la mise en scène pour Le Mariage secret, du 19 au 27 octobre, Aïda, du 26 février au 14 mars, et Anna Bolena, du 9 au 20 avril.



Sébastien Foucart

 

 

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