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Promenade dans la Péninsule

Paris
Salle Gaveau
06/05/2018 -  et 3 juin 201 (Vilnius)
«Deux génies en Italie»
Georg Friedrich Händel : Agrippina, HWV 6 : Ouverture & air «Non ho cor che per amarti» – Rodrigo, HWV 5: «Siete assai superbe» & récitatif «Si vendetta si cerchi» et air «Pugneran con noi le stelle» – Il Trionfo del Tempo e del Disinganno, HWV 46a: «Lascia la spina» & «Un pensiero nemico di pace» – Concerto pour violon et cordes, HWV 288 – Aci Galatea e Polifemo, HWV 72: «Versa già l’alma col sangue»
Alessandro Scarlatti : Marco Attilio Regolo: «Son qual nave in mezzo all’onde» – Eraclea: «A questo novo affanno» – Mitridate Eupatore: récitatif «Altre eroine genitrici imito» et air Esci omai», air «Stelle se il vostro lume» & récitatif «O vana speme!» et air «Cara tomba» – Sonate a 4 en fa majeur – Partenope: récitatif «Chi al vasto ondoso» et air «Del gran Carlo» & air «All’armi e d’Eolo indegno» – Flavio Cuniberto: Sinfonia

Vivica Genaux (mezzo-soprano)
Les Accents, Thibault Noally (violon solo et direction)


V. Genaux (© Virgin Classics/Harry Heleotis)


Même si elle est connue dans ses rôles rossiniens, c’est bel et bien le répertoire baroque qui constitue l’élément naturel pour Vivica Genaux! Qu’il s’agisse de Händel ou de Hasse (voir ici et ici) ou de compositeurs italiens (voir ici), la mezzo-soprano canadienne (née à Fairbanks) aime à l’évidence cette musique dont elle nous a de nouveau régalé ce soir.


Le premier atout de ce concert aura consisté à sortir des sentiers battus! Enfin, du Scarlatti (Alessandro), malheureusement trop peu souvent donné alors qu’il nous a laissé plus de trente opere serie qui ne demandent qu’à émerger. Du Händel, certes, mais pas les sempiternels airs rebattus qu’on ne veut (presque) plus entendre à force de les avoir écoutés lors de concerts de plus ou moins bonne qualité... Alors, diront certains, n’a-t-on pas eu ce soir le célébrissime «Lascia...» de Händel? Eh bien non, car même si les deux morceaux sont presqu’identiques à l’oreille, le texte est totalement différent puisque le plus célèbre est issu de Rinaldo et que le second, entendu ce soir, de l’oratorio Il Trionfo del Tempo e del Disinganno!


Le second atout de ce récital fut d’avoir permis à Vivica Genaux de faire montre non seulement de technique, depuis longtemps éprouvée dans ce répertoire, mais de musicalité pure grâce notamment à des airs lents où la tenue de la ligne vocale, les couleurs mordorées, l’émotion prenaient le pas sur l’enchaînement sans fin d’arpèges tous plus redoutables les uns que les autres. Dès l’air «Siete assai superbe» tiré de Rodrigo (1707), on est plongé dans une sorte d’incantation mélancolique, désespérée avant que le douloureux «A questo novo affanno» (Eraclea, 1700), magnifiquement lancé par un violoncelle (vite rejoint par deux altos puis deux violons) ne nous plonge là aussi dans les tourments de l’amour. Le médium de Vivica Genaux s’avère toujours aussi ambré, chaleureux, les aigus ayant par ailleurs gagné en rondeur ce qu’ils ont peut-être perdu en sonorité cristalline, mais l’agilité vocale demeure sans pareil. Soulignons à ce titre les incroyables «Un pensiero nemico di pace» (issu de l’oratorio Il Trionfo del Tempo e del Disinganno) et surtout «All’armi e d’Eolo indegno» (tiré de la cantate Partenope de Scarlatti): époustouflant!


L’entente entre Vivica Genaux et l’orchestre est patente: l’un respire avec l’autre tandis que la complicité glisse avec adresse entre les cordes vocales de l’une et les cordes des Accents. Ainsi, on fut particulièrement sensible à la netteté des traits des instrumentistes dans le récitatitf «O vana speme!» qui augurait parfaitement du ton employé par la cantatrice dans la partie qui suivait. De même, la musique ondoyante, ondulante même de l’air «Del gran Carlo» chanté par Neptune, était parfaitement à l’image de la voix qui, dans une partie extrêmement technique, nous permit d’admirer le véritable «art de prendre ses respirations» qu’a illustré Vivica Genaux avec une déconcertante facilité. Pour sa part, Thibault Noally confirme sa dextérité violonistique tant dans les airs chantés par Vivica Genaux (quels échanges entre la voix et le violon dans l’air «Esci omai» extrait de l’opéra Mitridate Eupatore!) que dans les pièces orchestrales, ses talents éclatant dans le très beau Concerto HWV 288 de Händel.


Le public de la salle Gaveau salua l’ensemble avec chaleur (dans tous les sens du terme...), un air de Hasse achevant avec éclat une soirée qui, une fois encore, aura permis à ces artistes d’illustrer tous leurs talents. Signalons tout de suite aux amateurs que Thibault Noally dirigera de nouveau Les Accents dans Rodrigo puis Les Musiciens du Louvre dans un récital Händel-Porpora, deux programmes avec Vivica Genaux, les 20 et 22 juillet prochains à l’occasion du festival de Beaune : il reste encore quelques places...


Le site de Vivica Genaux
Le site de l’ensemble Les Accents



Sébastien Gauthier

 

 

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