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La tradition dresdoise

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/29/2018 -  et 23 (Moscou), 25 (Saint-Pétersbourg), 31 (Lucerne) mai, 2 juin (Baden-Baden) 2018
Carl Maria von Weber Oberon, J. 306: Ouverture
Franz Liszt : Concerto pour piano et orchestre n° 2 en la majeur, S. 125
Johannes Brahms : Symphonie n° 4 en mi mineur, opus 98

Denis Matsuev (piano)
Sächsische Staatskapelle Dresden, Christian Thielemann (direction)


C. Thielemann


Chaque année, le vénérable Orchestre de la Staatskapelle de Dresde fait étape au Théâtre des Champs-Elysées, en général, comme c’est le cas ici, au cours d’une tournée européenne. Dans le cadre assez étouffant du théâtre sis avenue Montaigne, les musiciens s’installent tranquillement à la suite de Roland Straumer, Konzertmeister de l’orchestre depuis 1982, pour donner un programme à la forme (le triptyque ouverture-concerto-symphonie) et au contenu assez traditionnels.


Mais comment bouder notre plaisir face à un orchestre aux sonorités d’une noblesse aussi envoûtante? Dès l’Ouverture d’Obéron, cor et clarinette solos s’imposent naturellement au milieu de cordes d’une finesse et emplies d’un esprit conquérant qu’adopte la gestique millimétrée de Christian Thielemann. Une entrée en matière qui augurait d’une Quatrième Symphonie de Brahms de première qualité, Thielemann ayant prouvé ses affinités avec ce répertoire comme en témoigne une très belle intégrale filmée pour partie à Dresde, pour partie au Japon. Le premier étonnement de l’interprétation de ce soir vient de sa vélocité! Alors que le chef allemand a parfois tendance à ralentir de façon excessive (même si quelques passages n’ont pas été exempts d’un rubato parfois déconcertant...), l’ensemble est mené tambour battant mais sans que cela ne gêne en rien l’écoute: l’Andante moderato est conduit sans alanguissement tandis que l’Allegro giocoso est enlevé en un souffle. L’orchestre suit la direction de son chef comme un seul homme. La masse instrumentale (à travers en particulier un pupitre de cordes bien garni, comptant notamment huit contrebasses) se double d’une transparence et d’une clarté qui contribuent à alléger un discours dont la solennité explose dans un quatrième mouvement ravageur. Le clarinettiste Robert Oberaigner, la flûtiste Sabine Kittel et la hautboïste (française) Céline Moinet sont exemplaires, de même que le formidable timbalier Manuel Westermann, capable de déclencher des fracas sonores que la sécheresse de l’acoustique du Théâtre des Champs-Elysées n’a fait que décupler. Thielemann dirige l’ensemble sans raideur et, ce qui fut appréciable en plus d’une occasion, en donnant parfois une importance légèrement supérieure à tel ou tel contrechant que l’on ne perçoit habituellement pas, ou seulement à la marge. Le succès remporté par l’orchestre conduisit Thielemann à donner en bis l’ouverture d’Euryanthe de Weber, juste hommage de l’orchestre à un compositeur dont la carrière fut fortement attachée à la ville de Dresde.


Après l’Ouverture d’Obéron, la première partie se poursuivait avec le Second Concerto pour piano de Liszt, interprété par Denis Matsuev. Comme certains de ses confrères ou consœurs, le colosse russe peut tout faire: sa technique est époustouflante et son jeu souvent brutal – on plaint toujours le pauvre piano qui tombe sous ses doigts tellement on craint de le voir s’effondrer à un moment ou à un autre... – s’épanouissent pleinement chez Rachmaninov ou Prokofiev. Chez Liszt, qui plus est dans le Second Concerto, on demande davantage de subtilité mais force est de constater qu’on n’en aura finalement guère eu. Jouant de façon assez solitaire (au point que Christian Thielemann ne le quittait pratiquement jamais des yeux), il enchaîna les six séquences du concerto sans coup férir, au prix parfois de tempi un rien trop retenus (l’Allegro agitato assai) et d’un toucher plus que martial. Si Matsuev nous réserva tout de même quelques moments de finesse (les échanges avec le violoncelle solo, superbement tenu par Norbert Anger), l’impression globale fut d’une interprétation assénée plus que jouée. On aurait pu croire que le bis allait rattraper tout cela: que nenni avec un Prélude en sol mineur (opus 23 n° 5) de Rachmaninov tonitruant dont la masse sonore écrasa la pourtant délicate Etude en la mineur (opus 76 n° 2) de Sibelius qui conclut la première partie d’un concert dont on aura surtout retenu un formidable orchestre.


Le site de Denis Matsuev
Le site de l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde



Sébastien Gauthier

 

 

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