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Il Maestro

Paris
Philharmonie
05/25/2018 -  et 24 (Piacenza), 26 (Luxembourg), 27 (Genève), 30 (Turin) mai 2018
Alfredo Catalani : Contemplazione en si bémol majeur
Pietro Mascagni : Cavalleria rusticana: Intermezzo
Ruggero Leoncavallo : Pagliacci: Intermezzo
Giacomo Puccini : Manon Lescaut: Intermezzo
Giuseppe Martucci : Notturno, opus 70 n° 1
Umberto Giordano : Fedora: Intermezzo
Giuseppe Verdi : Les Vêpres siciliennes: Ballet «Les Quatre Saisons» (acte III) & Ouverture

Orchestra Giovanile Luigi Cherubini, Riccardo Muti (direction)


(© Silvia Lelli)


Il y a une semaine, à l’auditorium de Radio France, Riccardo Muti, habillé en frac, dirigeait l’Orchestre national de France dans un concert qui nous avait un peu déçu. Ce soir, dans une Philharmonie pleine à craquer, le chef italien, en costume de ville, dirigeait l’Orchestre des jeunes Luigi Cherubini: il nous aura ébloui ou, pour être plus précis, ils nous auront ébloui...


L’Orchestre des jeunes Luigi Cherubini a été fondé par Riccardo Muti en 2004 et, composé de jeunes musiciens de toute l’Italie sélectionnés par un jury des plus exigeants, donne de nombreux concerts chaque année allant du répertoire baroque à celui du XXe siècle, représentations données sous les meilleures baguettes et en collaboration avec les plus grands solistes du moment. Ce soir, Riccardo Muti jouait sur du velours, et pas seulement parce qu’il était juché sur une estrade en cette matière (tissu rouge vif): le répertoire qu’il nous a donné à entendre, il le connaît, il le possède, il le défend avec la même conviction depuis des décennies maintenant. Si le public a ainsi pu entendre quelques «tubes» (les intermezzi tirés de Paillasse, Cavalleria rusticana ou Fedora), il aura également découvert quelques pages plus méconnues: privilège d’une des plus grandes baguettes du monde qui sait, de toute façon, que son seul nom attirera le public quelle que soit l’œuvre au programme.


Alors qu’il serait facile de faire le contraire, Muti ne s’épanche jamais. Certes, cette première partie de concert jouait sur la masse des cordes et la suavité sonore mais on n’est jamais tombé dans une sorte de guimauve de mauvais goût dans laquelle tant de baguettes savent se complaire. Les soubresauts de l’orchestre dans Contemplazione d’Alfredo Catalani (1854-1893), un peu comme dans le célèbre Intermezzo de Manon Lescaut (magnifiques Costanza Persichella au violoncelle et Davide Mosca à l’alto), font alterner de très beaux pupitres de cordes avec l’introduction du hautbois et de la clarinette qui, tout de suite, nous plongent dans une véritable félicité musicale. On soulignera, car il s’agissait peut-être de la pièce la moins connue de cette première partie, l’interprétation du très beau Nocturne de Martucci (1856-1909), compositeur que Muti a maintes fois dirigé, que ce soit à la tête du National en avril 2002 ou du Philharmonique de Berlin quelques années plus tard. Là encore, cohésion des cordes et vents étincelants firent de cette petite œuvre (environ 8 minutes) une pépite supplémentaire à un concert qui n’en aura pas manqué.


Mais, après ces pièces si colorées, le meilleur restait à venir avec le «Ballet des Quatre Saisons» tiré des Vêpres siciliennes de Verdi. Ce ballet, que l’on entend dans le second tableau du troisième acte d’un opéra que beaucoup considèrent comme un «maillon faible» dans l’œuvre opératique de Verdi (Piotr Kaminski en dit pis que pendre dans son Mille et un Opéras, Fayard, pages 1607 et 1608!), s’avère réjouissant et met à rude contribution certains solistes de l’orchestre. Autant dire que le pari de Muti fut amplement gagné ce soir grâce à un orchestre dont les mérites éclataient sous nos yeux à chaque note! Les solistes sont exceptionnels: le clarinettiste Matteo Mastromarino (dans «Le Printemps») ou le hautboïste Francesco Ciarmatori (dans «L’Eté»), aux accents doucement arabisants rappelant peut-être pour Verdi l’influence mauresque qui s’étendait au territoire de la Sicile au XIIIe siècle, furent renversants de musicalité et de technique. Les flûtes (traversière et surtout piccolo, tenue pour cette dernière par l’irréprochable Tommaso Dionis) furent toujours étincelantes, accompagnant avec entrain la jovialité dansante de «L’Automne», saison lancée par un pupitre de violoncelles d’une chaleur et d’une plénitude à rendre jalouses les plus prestigieuses phalanges à travers le monde. Si l’on perçoit de temps à autre l’époque de l’opéra qui, créé à Paris en 1855, rappelle certaines sonorités festives du premier acte de La Traviata et préfigure quelque quadrille d’Offenbach voire d’un membre de la famille Strauss, Riccardo Muti caractérise magnifiquement chaque saison, conférant au cycle toute son unité thématique autant que toute sa diversité musicale. Parfois de façon très directive (mais avec une gestique dont la souplesse nous éblouit toujours), laissant également l’orchestre jouer à sa guise, le chef italien est plus que jamais dans son élément: ce n’est pas pour rien que le public ovationna orchestre et chef tant l’exceptionnelle qualité de ce concert était évidente.


C’est également ce que l’on ressentira dans une Ouverture des Vêpres siciliennes marquée, comme toute cette seconde partie, par une suprême élégance: à n’en pas douter, Riccardo Muti est un des plus grands chefs du monde. Il l’aura, ce soir, une nouvelle fois prouvé: bravo Maestro!


Le site de Riccardo Muti
Le site de l’Orchestre des jeunes Luigi Cherubini



Sébastien Gauthier

 

 

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