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Marseille
Opéra
05/02/2018 -  & 5, 8 mai 2018
Richard Wagner: Lohengrin
Barbara Haveman (Elsa de Brabant), Petra Lang (Ortrud), Norbert Ernst (Lohengrin), Thomas Gazheli (Frédéric de Telramund), Samuel Youn (Le Roi Henri l’Oiseleur), Adrian Eröd (le héraut du Roi), Florian Cafiero, Samy Camps, Jean-Vincent Blot, Julien Véronèse (les nobles de Brabant), Massimo Riggi (le duc de Godfried), Pascale Bonnet-Dupeyron, Florence Laurent, Eléna Lefur, Marianne Pobbig (les pages), Lisa Vercellino, Matteo Laffont (les enfants)
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille, Emmanuel Trenque (chef du chœur), Paolo Arrivabeni (direction musicale)
Louis Désiré (mise en scène), Diego Mendez Casariego (décors et costumes), Patrick Méeüs (lumières)


M. Riggi & B. Haveman (© Christian Dresse)


Après une Tosca en 2015) qui avait marqué les esprits, le metteur en scène Louis Désiré revient à Marseille avec un superbe Lohengrin donné également à Saint-Etienne en 2017. Si la proposition n’offre pas de dynamique nouvelle, elle a l’immense mérite d’être esthétiquement très réussie. Le décor intemporel fait fi de la lourdeur moyenâgeuse, il invite au songe, à la rêverie, au départ. Les costumes, eux-aussi sans époque, sont uniformément noirs, sauf pour celui de la vertueuse Elsa. La scène est sombre, ponctuée çà et là par des taches de lumière sur les protagonistes ou des éléments du décor. Voilà qui sied à une œuvre d’un romantisme aussi échevelé, à toutes les incertitudes qui créent la tension dramatique et défient la moindre approche épistémologique. Mais qui sont donc Elsa et Lohengrin, eux qui, nimbés de mystère, échappent aux lois de toute logique? Pourquoi Elsa ne tient-elle pas sa promesse? Voilà précisément ce qu’illustre la mise en scène de Louis Désiré, en toute élégance et sans les élucubrations absurdes auxquelles cèdent trop souvent les metteurs en scène, notamment avec Wagner.


Dans la fosse, Paolo Arrivabeni est aux commandes, impérial. Il nous offre une direction impeccable, minutieuse, distinguée et rigoureuse. Dans une métrique qui ne varie pratiquement pas dans Lohengrin, il parvient à maintenir le tempo, faisant de cette partition une lecture incandescente qui transporte. Les cordes, tellement sollicitées dans cet ouvrage, mais en vérité tout l’orchestre de l’Opéra, tous nous offrent un son envoûtant, du chuintement éthéré des cordes aiguës aux déclarations fracassantes des cuivres, musiciens et choristes affichant une insolente santé.


Et la distribution est à l’avenant. Annoncé souffrant, le baryton-basse Thomas Gazheli en Telramund prend un départ qui fait craindre le pire tant ce rôle exige de la vaillance, mais il reprend assez vite le dessus et tire son épingle du jeu. De la vaillance, les autres n’en manquent pas et dans ce plateau homogène, les prestations sont de grande tenue. Tous les chanteurs sont à l’aise dans leur emploi et aucun ne redoute la puissance de l’orchestre. Le ténor Norbert Ernst campe un Lohengrin touchant, lyrique à souhait, la voix solaire est délicieusement nuancée et son «In fernem Land», très contrôlé, est d’une grande noblesse. Barbara Haveman est une Elsa de choix, tendre, mais pas seulement. La sonorité est rayonnante, et la soprano sait donner de la voix quand il le faut, plaçant sur chaque mot l’inflexion subtile qui lui donne du sens, notamment dans sa colère contre Ortrud. Et justement, en Ortrud, Petra Lang fait mouche. Dotée d’une voix au timbre d’airain, puissante et qui semble ne rien redouter, elle passe de l’enjôleuse calculatrice à la diablesse effrayante avec l’aplomb d’une grande actrice. Samuel Youn est quant à lui un Roi Heinrich très convaincant. Un mot encore sur les «petits» rôles, tous tenus avec une grande qualité.


L’Opéra de Marseille a une fois encore offert au public une soirée d’un très haut niveau. L’accueil exalté réservé à cette production était à la hauteur de l’événement.



Christian Dalzon

 

 

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