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«Récital»

Vienna
Konzerthaus
04/23/2018 -  
Johann Sebastian Bach: Das wohltemperierte Klavier (Zweiter Teil): Prélude et Fugue n° 1 en ut majeur, BWV 870 – Suite anglaise n° 3, BWV 808
Wolfgang Amadeus Mozart: Fantaisie en ut mineur, K. 475 – Sonate pour piano n° 14, K. 457
Leos Janácek: Po zarostlém chodnícku (Seconde Série)
Frédéric Chopin: Mazurkas, opus 56

Piotr Anderszewski (piano)


P. Anderszewski (© Sheila Rock)


La vision magistrale et singulière de Piotr Anderszewski projette sur ce récital un éclairage mémorable, transformant des morceaux épars en une superstructure musicale organique, tenue toute entière par la cohérence des choix interprétatifs. Les pièces s’enchaînent sans aucune pause et procurent à l’auditeur un vertige sonore inédit, l’étourdissant en lui ôtant ses repères, et lui offrant la chance de redécouvrir des pièces comme à la première écoute.


Le Prélude et Fugue de Bach ouvre ainsi la soirée d’un ut majeur resplendissant, enflant d’un crescendo continu, et procurant des surprises au détour de chaque voix; la musique module subitement en ut mineur, amenant la Fantaisie K. 475 de Mozart, dont le flux évolue imperceptiblement en Sonate K. 457: une permutation de chiffre, un thème quasiment identique, des dates de composition proches – l’association est comme une évidence. Après la pause, le pianiste se lance dans la Seconde Série du cycle de miniatures Sur un sentier recouvert, trouvant le ton juste – brusque, sans brutalité – pour mettre en valeur les contrastes rustiques de cette musique et y révélant des subtilités harmoniques dans le registre de Debussy et Chopin ; les Mazurkas opus 56 de ce dernier suivent d’ailleurs, la transition avec Janácek s’effectuant encore une fois imperceptiblement. La Troisième Suite anglaise de Bach renferme ce récital, avec la symétrie propre à une série de variations.


Il y a quelque chose de gouldien dans le niveau de contrôle instrumental d’Anderszewski, dans son appropriation des œuvres, ainsi que dans ses excès occasionnels. Nous avions noté dans une chronique précédente son approche très opératique des concertos de Mozart; dans les œuvres pour piano solo, le ton reste fortement dramatique, imprimant une tension et des dynamiques beethovéniennes, et attirant l’attention sur les nombreuses irrégularités de la partition. Il suffit finalement parfois d’un détail, une tenue un peu plus longue, une succession d’octaves synchronisées avec un peu plus d’exactitude, pour radicalement transformer notre perception de la musique. Sans doute encore plus fascinant, son Chopin révèle une étrangeté que les habitudes – tant celles des auditeurs que des pianistes – ont émoussée au fil des lectures. Les chromatismes enchevêtrés revêtent une dimension quasiment abstraite, et force le public à une réévaluation de cette musique.


L’agenda resserré du Konzerthaus nous servait de plus fort bien: alors que la grande salle hébergeait le spectacle d’Andreas Ottensamer, le récital de Piotr Anderszewski était confiné à la petite salle Mozart – nous permettant de saisir au mieux l’intimité dense de ce moment exceptionnel de musique.


Le site de Piotr Anderszewski



Dimitri Finker

 

 

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