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Une mère castratrice

Milano
Teatro alla Scala
04/03/2018 -  et 6, 11, 14*, 17, 19, 24, 28 avril, 4 mai 2018
Gaetano Donizetti : Don Pasquale
Ambrogio Maestri (Don Pasquale), Rosa Feola (Norina), René Barbera (Ernesto), Mattia Olivieri (Malatesta), Andrea Porta (Un Notaro)
Coro del Teatro alla Scala, Bruno Casoni (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Riccardo Chailly (direction musicale)
Davide Livermore (mise en scène et décors), Giò Forma (décors), Gianluca Falaschi (costumes), Nicolas Bovey (lumières), Video design D-wok (vidéos)


(© Brescia/Amisano - Teatro alla Scala)


La nouvelle production de Don Pasquale qui vient d’être étrennée à Milan est un régal : tout – mise en scène, voix et orchestre – concourt au bonheur du public. L’idée maîtresse du spectacle conçu par Davide Livermore est l’omniprésence de la mère de Don Pasquale. La soirée débute avec les obsèques de la vieille dame. Durant l’Ouverture, des flash-back viennent rappeler que celle-ci s’est toujours interposée entre son fils et les femmes, ce qui explique pourquoi le héros est encore vieux garçon. Malgré son décès, la mère castratrice continue pourtant de surveiller de très près son fiston de 70 ans ; un portrait géant de la maman placé au centre du plateau la voit tour à tour lancer des œillades sévères ou faire des grimaces, selon la situation. Et la fin de l’histoire la verra bien évidemment triompher, son fils ne réussissant pas à se débarrasser de son emprise. Le metteur en scène a transposé l’action dans l’Italie des années 1950, avec de nombreuses références à Cinecittà et au cinéma noir-blanc de l’époque, dont Vacances romaines et La dolce vita. L’esprit mélancolique et désabusé de Fellini est d’ailleurs très présent sur le plateau. Une habile façon de relier l’opéra bouffe à la comédie de mœurs italienne.


La mise en scène a beau fourmiller d’idées et ne contenir aucun temps mort, elle ne distrait jamais le public de la musique et des voix, signe que la partie musicale du spectacle atteint des sommets. A la tête de l’Orchestre de la Scala, Riccardo Chailly offre, comme à son habitude, une lecture très contrastée du chef-d’œuvre de Donizetti, avec un remarquable sens du rythme, des nuances et des couleurs. Le chef met particulièrement en évidence la mélancolie et la tristesse qui se dégage de cette œuvre bouffe. Qui plus est, la tension dramatique ne faiblit à aucun moment.


La distribution est emmenée par la superbe Norina de Rosa Feola. Styliste hors pair, la chanteuse possède une voix lumineuse, homogène sur toute la tessiture et particulièrement agile dans les vocalises. Sa présence scénique et son charisme sont aussi indéniables. On ne sait si c’est parce qu’il est associé au rôle de Falstaff, qu’il chante depuis de nombreuses années sur toutes les scènes du monde, toujours est-il qu’Ambrogio Maestri vient rappeler combien le héros de Donizetti est proche de celui de Verdi. Même si la voix, avec les années, a perdu un peu de son lustre, le chanteur incarne avec nonchalance et bonhomie un personnage en fin de compte sympathique et émouvant, d’autant que dans cette mise en scène, on l’a dit, il est la victime de sa propre mère. On n’oubliera pas non plus le Malatesta dynamique et facétieux de Mattia Olivieri, bien chantant et au superbe legato. L’Ernesto de René Barbera est un cran en-dessous, en raison notamment de ses aigus serrés et souvent forcés. Globalement cependant, on saluera une magnifique production qui rend parfaitement hommage à la veine bouffe de Donizetti.



Claudio Poloni

 

 

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