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L’énergie de Dohnányi

Paris
Philharmonie
04/11/2018 -  et 12* avril 2018
György Ligeti : Atmosphères
Richard Wagner : Lohengrin: Prélude de l’acte I
Robert Schumann : Concerto pour violoncelle et orchestre en la mineur, opus 129
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 7 en la majeur, opus 92

Kian Soltani (violoncelle)
Orchestre de Paris, Christoph von Dohnányi (direction)


C. von Dohnányi (© Heinrich Hamburg)


Sauf erreur, Christoph von Dohnányi n’était pas revenu à la tête de l’Orchestre de Paris depuis le 3 décembre 2015. Ses annulations s’étant malheureusement quelque peu multipliées, quelle joie de retrouver ici celui qui fut conseiller musical et premier chef invité de l’orchestre entre 1998 et 2000 et qui nous offrit un programme aussi conséquent que convaincant.


Le pas un rien hésitant mais la stature alerte témoignent de la bonne santé d’un chef né, précisons-le, en 1929 et qui nous aura rappelé ce soir quelle baguette il continue d’être. De façon quelque peu étrange, il enchaîna sans la moindre pause les deux premières œuvres, longues chacune d’une dizaine de minutes: Atmosphères (1961) de Ligeti et le Prélude du premier acte de Lohengrin (1850) de Wagner. Finalement, pas mal de ressemblances entre ces deux pièces où tout est affaire d’ambiance, de climat plus ou moins extatique, et de jeu sur la transparence et la finesse des sonorités. Les cordes de l’orchestre offrent une cohésion aussi remarquable que leur justesse (si périlleuse dans les aigus wagnériens...) tandis que les cuivres démontrèrent une plénitude sonore parfaitement maîtrisée. Chez Ligeti, on fut davantage sensible au millimétrage et au scintillement des interventions, malheureusement en grande partie gâchés par la multiplication de toux et expectorations aussi peu discrètes que malvenues d’un grand nombre de spectateurs comme on en a (heureusement) rarement entendu. Ne se laissant pas troubler par un public qui, pour une partie en tout cas, a peut-être manifesté quelque impatience face à une œuvre «contemporaine», Dohnányi demeure pleinement concentré, dirigeant sans esbroufe, ni gestique inutile; s’asseyant de temps à autre sur la haute chaise placée sur son estrade, il indique chacune des entrées avec précision, anticipant les tutti avec plus de puissance que de force, ce qui contribua notamment à faire de la page wagnérienne un très beau moment.


En bras de chemise, Kian Soltani (né en 1992, d’origine à la fois iranienne et autrichienne) arrive d’un pas pressé sur scène pour interpréter le Concerto pour violoncelle de Schumann, dont il livre une interprétation marquée par une constante finesse. Evitant tout romantisme excessif, le premier mouvement ne relève pas pour autant du simple badinage, le dialogue avec l’orchestre se caractérisant par un équilibre soigné et constant. L’archet joue sur toute la longueur et la profondeur du son, sans pour autant écraser les notes graves, les emportements du premier mouvement (Nicht zu schnell) étant particulièrement maîtrisés. Après un Adagio plus emporté que lyrique là aussi, le Vivace conclusif permit d’établir un dialogue très brillant entre l’orchestre (notamment les bois) et le soliste. Dohnányi dirigea l’Orchestre de Paris avec beaucoup de minutie, animant avec finesse une interprétation fort convaincante d’un des chevaux de bataille du répertoire pour violoncelle. En bis, le jeune soliste nous offrit une composition de sa propre main d’une dizaine de minute, une Persian Fire Danse, occasion pour lui d’illustrer une nouvelle fois toute l’étendue de sa technique.


La seconde partie du concert était consacrée à la Septième Symphonie de Beethoven. Excellent interprète du compositeur allemand, on retrouva ce soir les caractères de l’Héroïque que Christoph von Dohnányi donna en avec le même orchestre en septembre 2010. Alors que le début du premier mouvement put paraître solennel, voire un rien pesant, la suite de l’interprétation fut au contraire marquée par un dynamisme et une énergie tout à fait remarquables qui culminèrent non dans l’Allegro con brio conclusif (parfaitement conduit en dépit de quelques déséquilibres dans l’orchestre, souffrant ici d’un léger manque de basses, là d’accents un rien trop stridents de la part des deux trompettes...) mais dans le si souvent négligé troisième mouvement Presto. Assai meno presto. Bien au contraire, Dohnányi ne cessa de maintenir le tempo, faisant toujours avancer l’orchestre dans une sorte de jubilation sonore (la petite harmonie dans la partie centrale) qui fit plaisir à entendre. Auparavant, le célébrissime Allegretto avait permis à la bonne cinquantaine de cordes de l’orchestre (soulignons à cette occasion les magnifiques pupitres d’altos et de violoncelles) de démontrer leur excellence, Dohnányi optant pour une vision certes classique du mouvement, pleine de grandeur, mais sans grandiloquence ni emphase malvenue.


De quoi espérer son retour rapide sur les scènes parisiennes tant l’«ancien monde» qu’il incarne musicalement avec d’autres continue de s’avérer ô combien convaincant!


Le site de Christoph von Dohnányi
Le site de Kian Soltani



Sébastien Gauthier

 

 

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