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Classique et sage

Liège
Opéra royal de Wallonie
04/06/2018 -  et 8*, 10, 12, 14 avril 2018
Wolfgang Amadeus Mozart: Le Nozze di Figaro, K. 492
Mario Cassi (Il Conte Almaviva), Judith Van Wanroij (La Contessa Almaviva), Leon Kosavic (Figaro), Jodie Devos (Susanna), Raffaella Milanesi (Cherubino), Julien Véronèse (Dottore Bartolo), Alexise Yerna (Marcellina), Julie Mossay (Barbarina), Enrico Casari (Don Basilio), Patrick Delcour (Antonio), Stefano De Rosa (Don Curzio)
Chœurs de l’Opéra royal Wallonie, Pierre Iodice (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Christophe Rousset (direction)
Emilio Sagi (mise en scène), Daniel Bianco (décors), Gabriela Salaverri (costumes), Eduardo Bravo (lumières), Nuria Castejón (chorégraphie)


(© Opéra royal de Wallonie-Liège)


L’enthousiasme descend d’un cran. Succédant à un formidable Domino noir en février, cette nouvelle production des Noces de Figaro (1781), sept ans à peine après la précédente, réjouit moins. Emilio Sagi, dont la mise en scène de L’Italienne à Alger n’avait guère convaincu en 2013, situe en toute fidélité la folle journée dans un palais sévillan : une conception traditionnelle et prévisible, éminemment respectueuse du livret, mais dépourvue d’audace. La mise en scène manque même, de temps à autre, d’énergie et de ressort, particulièrement dans des premier et quatrième actes tirés en longueur, en dépit d’une direction d’acteur plutôt soignée. Sagi se détourne de la teneur subversive de cet opera buffa pour privilégier, avec goût, la comédie, les sentiments et les malentendus, en se conformant à la politique en vigueur dans cette maison. Le résultat reflète, en tout cas, les intentions louables et sans grande prétention du metteur en scène.


De toute beauté, la scénographie surpasse en intérêt la dimension purement théâtrale de ce spectacle, ce qui justifie de saluer une fois de plus la grande compétence des ateliers. Les lumières sont splendides, les costumes d’époque somptueux, les décors admirables, particulièrement dans le dernier acte, qui se tient dans un patio hébergeant des plantes exotiques, sous un beau ciel nocturne. Daniel Bianco, le décorateur, utilise une toile semi-transparente en guise de rideau, un procédé qui n’apporte strictement rien, mais sans retomber dans les excès qui rendirent pénible La Damnation de Faust l’an passé. Cette mise en scène possède donc suffisamment d’atouts pour contenter le public et devenir un classique de la scène liégeoise.


Un classique, oui, à condition de réunir, lors d’une éventuelle reprise, une distribution de plus haut vol et mieux équilibrée. Les chanteurs se révèlent physiquement crédibles mais vocalement, ils nous frustrent. En 2011, Mario Cassi interpréta Figaro, le voici, aujourd’hui, en Comte. Sa prestation révèle un timbre peu avenant, une envergure vocale limitée, une ligne mal affinée. Judith Van Wanroij affiche plus de style, mais il faut s’accommoder d’une voix mince et astringente qui convient probablement mieux au répertoire baroque dans lequel elle excelle.


L’Opéra royal de Wallonie prend un risque inconsidéré en confiant le rôle-titre à un jeune chanteur, Leon Kosavic, qui se perfectionne encore à la Chapelle musicale Reine Elisabeth. Ce baryton, né en 1991, campe avec un Figaro à la réjouissante juvénilité. L’expérience lui permettra de mûrir ce personnage fort exposé, afin de mieux en concilier les exigences vocales et interprétatives. Malgré le Cherubino de Raffaella Milanesi, qui se démarque par la pureté du timbre et la rigueur stylistique, Jodie Devos domine la distribution, par son charme et sa tenue vocale, bien que cette soprano au timbre fruité et au vibrato subtil relâche vers la fin le phrasé et l’émission, qui perdent un peu en netteté. Mais la chanteuse s’impose, de toute évidence, comme une valeur sûre. Les autres se distinguent plus ou moins : Julien Véronèse sans grand relief en Bartolo, Julie Mossay à la voix sèche et plate en Barberine, Alexise Yerna fidèle à elle-même en Marcelline.


Christophe Rousset tente d’obtenir un jeu vif et acéré, au vibrato parcimonieux, sans tout à fait parvenir à pousser l’orchestre hors de sa zone de confort. La prestation comporte bel et bien des passages capiteux et enlevés, mais aussi des moments plus banals et routiniers. La sonorité ne manque ni de finesse, ni de légèreté, mais elle pourrait être plus séduisante sur ce point, tandis que les parties jouées au clavecin par le chef déçoivent étonnamment par leur pauvre inventivité. Les choristes se montrent, en tout cas, suffisamment bien préparés dans les quelques pages que Mozart leur réserve.



Sébastien Foucart

 

 

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