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Eclectisme juvénile

Sevilla
Jerez de la Frontera (Teatro Villamarta)
04/06/2018 -  et 5 mars (München), 8 avril (Alicante) 2018
Manuel de Falla : Fantasia Bætica
Maurice Ravel : Jeux d’eaux
Serge Rachmaninov : Préludes, opus 32, n° 1, n° 2, n° 5 et n° 7
Robert Schumann : Papillons, opus 2
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 23 en fa mineur, opus 57

Juan Pérez Floristán (piano)


J. Pérez Floristán


Juan Pérez Floristán est un jeune pianiste sévillan de vingt-quatre ans, qui achève ses études musicales à Berlin, mais qui a déjà gagné le concours de piano de Santander et enregistré pas moins de cinq disques. Il revient sur ses terres andalouses, à Jerez de la Frontera d’où son père est originaire, pour un beau programme mais sans grande cohérence, presque scolaire pourrait-on dire car visant à l’évidence à démontrer toute l’étendue de son talent, l’interprète jouant tout de mémoire.


Il débute en effet son récital, assez copieux, par la Fantaisie bétique (1919) du gaditan Manuel de Falla (1876-1946). On est malheureusement d’emblée agressé par le son infiniment désagréable du Steinway, affreusement métallique; un vrai cymbalum. Les téléphones persistent ensuite à accompagner le pianiste. Plus d’un pianiste aurait fermé brutalement le piano et serait parti furieux. Juan Pérez Floristán n’en paraît pourtant pas perturbé et interprète cette œuvre inspirée du cante jondo andalou, contemporaine du Tricorne, mais un peu inégale, avec l’âpreté qui convient.


Remontant dans le temps, Juan Pérez Floristán aborde ensuite les Jeux d’eaux (1901) de Maurice Ravel (1875-1937). Son toucher est assurément aussi clair que précis mais sans vraie grâce intime, entre Liszt et Rachmaninov en quelque sorte. D’ailleurs, le pianiste embraye de façon surprenante, sans pause aucune, sur les Préludes (1910) du compositeur russe (1873-1943) inscrits au programme. Le tout est avalé sans problème technique mais avec un jeu curieusement brutal ne retenant décidément guère l’attention.


La seconde partie du concert est l’occasion de poursuivre le voyage musical, dans le temps comme dans l’espace. Ce sera en Allemagne tout d’abord, avec une autre œuvre de jeunesse puisqu’il s’agit de Papillons (1831) de Robert Schumann (1810-1856). Juan Pérez Floristán, au nom presque schumanien, est toujours aussi précis mais manque décidément de fantaisie. Il parvient à s’adapter au son du piano et la maîtrise des phrasés, si changeants, ne fait pas de doute mais ce sont les marches martiales teintées d’ironie ou appels à la chasse qui paraissent les passages les plus réussis, bondissants à défaut d’être véritablement emportés.


Avec la Vingt-troisième Sonate «Appassionata» (1804) de Ludwig van Beethoven (1770-1827), Juan Pérez Floristán déploie un jeu toujours aussi clair et nuancé, l’indépendance de ses doigts étant assez phénoménale, mais tout cela manque de fermeté. On ne saisit pas les lignes de force; la main droite reste sèche et joue staccato dans le deuxième mouvement. Si l’énergie n’est pas absente, on se met à penser qu’avec un peu plus de maturité, l’interprétation eût été parfaite.


Car c’est bien la jeunesse de l’interprète qui fait merveille dans le bis de Juan Pérez Floristán: un arrangement de sa main de bulerías pour guitare d’un certain Gerardo Núnez (né en 1961), guitariste et compositeur né à Jerez. C’est brillant, entre jazz et flamenco, avec des raccourcis fulgurants, une sorte de ferraillement passionné. Le pianiste fait montre alors d’un toucher d’une extraordinaire variété sans jamais frapper le clavier; il est à l’évidence dans son élément et semble jouer pour des amis, au demeurant nombreux dans la salle. La pièce suffisait à elle seule à justifier le déplacement au tristounet Théâtre Villamarta de Jerez. Juan Pérez Floristán, doté des plus grandes facilités, très à l’aise sur la scène, est promis à l’évidence à une belle carrière.


Le site de Juan Pérez Floristán
Le site de Gerardo Núnez



Stéphane Guy

 

 

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