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Du sang et du sens

Antwerp
Opera Vlaanderen
03/18/2018 -  et 21, 24, 27, 29 mars, 1er*, 4 avril 2018
Richard Wagner: Parsifal
Erin Caves (Parsifal), Tanja Ariane Baumgartner (Kundry, Eine Stimme aus der Höhe), Stefan Kocan (Gurnemanz), Christoph Pohl (Amfortas), Kay Stiefermann (Klingsor), Markus Suihkonen (Titurel, Zweiter Gralsritter), Dejan Toshev (Erster Gralsritter), Anat Edri (Erster Knappe, Blumenmädchen), Lies Vandewege (Zweiter Knappe, Blumenmädchen), Denzil Delaere (Dritter Knappe), Stephan Adriaens (Vierter Knappe), Britt Truyts, An De Ridder, Hanne Roos, Zofia Hanna (Blumenmädchen)
Koor Opera Vlaanderen, Jan Schweiger (chef de chœur), Symfonisch Orkest Opera Vlaanderen, Cornelius Meister (direction)
Tatjana Gürbaca (mise en scène), Henrik Ahr (décor), Barbara Drosihn (costumes), Stefan Bolliger (lumières)


(© Annemie Augustijns)


Cinq ans plus tard, l’Opéra des Flandres reprend sa production fort applaudie de Parsifal (1882) à l’occasion des célébrations pascales. Avec le recul, la mise en scène de Tatjana Gürbaca, revenue depuis pour Le Vaisseau fantôme, apparaît plus riche de significations que dans notre souvenir. Certains éléments de cette conception forte et pure nous avaient échappé la première fois, notamment l’importance des regards, des gestes et des mouvements. La direction d’acteur, précise et soutenue, ne laisse rien au hasard. La scénographie, en revanche, impressionne autant. Le «festival scénique sacré» se déroule dans un lieu unique, blanc et circulaire, dans de belles déclinaisons de lumières. Des filets de sang ruissellent sur une immense toile aux premier et deuxième actes, formant ainsi une véritable peinture abstraite. Gürbaca préserve, sans forcer le trait, la dimension spirituelle de l’ultime opéra de Wagner et garantit en même temps l’intensité théâtrale, dans le deuxième acte, par exemple, superbe de tension dramatique. La production originale a reçu une récompense aux International Opera Awards de 2014, ce qui explique sans doute cette reprise, et ce qui se comprend aussi en la revoyant.


Différente de la précédente, la distribution présente une particularité majeure: tous les chanteurs incarnent leur rôle pour la première fois, à l’exception d’un chevalier et d’une fille-fleur, et chacun s’en tire avec les honneurs, malgré quelques réserves. Erin Caves explore avec finesse la psychologie de son personnage, qui évolue de manière admirable, surtout entre les premiers et deuxièmes actes, ce qui se traduit dans son chant – un premier Parsifal réussi pour le ténor américain, qui met en valeur un timbre plutôt séduisant. Tanja Ariane Baumgartner accomplit en Kundry la meilleure performance: par sa voix, somptueuse, sa ligne de chant, supérieurement maîtrisée, et sa tenue stylistique, impeccable, cette grande soprano évoque ces chanteuses d’antan immortalisées au disque. Elle s’impose aussi par sa forte présence, même quand elle ne chante pas dans le troisième acte.


Stefan Kocan ne possède pas tout à fait l’aura nécessaire pour incarner un mémorable Gurnemanz. Le chant parait trop surveillé et ne pénètre pas assez la matière du récit du premier acte, qui captive peu. Mais ce baryton-basse ne manque ni de ressources, ni d’endurance, et s’engage avec sincérité. La ligne de chant demeure bien conduite et la voix reste belle, bien qu’elle s’engouffre peu profondément dans les graves. Christoph Pohl compose un Amfortas de haute tenue, mais sa prestation n’efface pas de notre mémoire celle de Werner Van Mechelen, d’un engagement physique plus marqué. Si Kay Stiefermann livre, pour sa part, un Klingsor sonore et percutant, il faut noter quelques voix peu agréables, et même aigrelettes, parmi les Filles-fleurs. Jan Schweiger, en revanche, a rigoureusement préparé les choristes, particulièrement somptueux.


Rien que la présence de Cornelius Meister dans la fosse constitue un excellent motif pour se rendre à Anvers, malgré les gigantesques et épouvantables travaux autour de l’édifice. Voilà vraiment une direction musicale de grande classe: l’orchestre sonne avec plénitude et raffinement, légèreté et transparence, dans des tempi plutôt mesurés, sans impression de lenteur excessive. Tous les pupitres se surpassent, en particulier les cordes, admirablement nettes et voluptueuses.


Saluée par une ovation debout, une pratique trop systématique dans cette salle mais justifiée dans ce cas-ci, cette production est tout à fait représentative de l’excellent niveau auquel Aviel Kahn a réussi à hisser l’Opéra des Flandres durant son mandat, qui se terminera en 2019.



Sébastien Foucart

 

 

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