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Cent ans... et un jour

Paris
Maison de la radio
03/24/2018 -  
Claude Debussy : Printemps (orchestration Henri Büsser) – Images
Maurice Ravel : Shéhérazade

Karine Deshayes (mezzo)
Orchestre national de France, Emmanuel Krivine (direction)


K. Deshayes (© Aymeric Giraudel)


Le 25 mars 1918 disparaissait Claude Debussy (né en 1862). A un jour près, l’Orchestre national de France et son directeur musical, Emmanuel Krivine, lui ont rendu hommage dans un programme assez bref mais qui a suffi à très largement remplir l’auditorium de Radio France en ce samedi, jour inhabituel pour un concert du National.


«La musique est de couleurs et de temps rythmée» disait Debussy: quel meilleur programme pour illustrer cette véritable ligne de conduite? Plus que jamais, Printemps (composition de 1887 mais adaptée pour orchestre et créée en 1913) et les trois Images pour orchestre (composées de 1905 à 1912 et créées en janvier 1913, quelques semaines avant l’œuvre précédente) nous ramènent dans la peinture impressionniste où tout est évoqué, suggéré, la palette de couleurs étant pour sa part tout en demi-teintes. Dans la première œuvre, l’Orchestre national de France réussit parfaitement à prendre ce parti pris. Les couleurs diaphanes de l’orchestre, des bois millimétrés (excellente flûte de Philippe Pierlot) et des cordes translucides nous imposent le climat extatique souhaité, la direction d’Emmanuel Krivine laissant toute la souplesse nécessaire aux instrumentistes pour sublimer ces couleurs musicales dont «l’exagération» fut reprochée à Debussy lorsqu’il présenta sa composition à l’Académie des Beaux-Arts. C’est d’autant plus dommage que Krivine, au contraire dans la seconde partie («Modéré»), ne se laisse pas davantage aller et ait tendance à un peu trop corseter ces fulgurances annoncées par le cor solo. C’est globalement la même impression qui ressort des Images. Après de superbe «Gigues», enivrantes, laissant éclater des sonorités (hautbois d’amour, harpes) presque stravinskiennes, l’orchestre se lance dans la célèbre «Ibéria»; si les trois mouvements de la partie la plus célèbre des Images sont parfaitement joués, le National faisant montre de qualités indéniables (parfaite cohésion des pupitres de cordes, bois étincelants, percussions au rendez-vous), suscitant presque une impression de surnaturel, on l’a tout de même senti un peu bridé dans cette «Ibéria» qu’on aurait aimé entendre jouée avec davantage de liberté et d’humour. Pour autant, une très belle version de concert qui a ravi le public et confirmé la bonne entente entre les musiciens et leur chef!


Entre ces deux pièces, Shéhérazade de Maurice Ravel, que le National avait très bien interprétée en ce même lieu sous la direction de Stéphane Denève il y a un peu plus d’un an: Stéphanie d’Oustrac sous la baguette de Stéphane Denève, Karine Deshayes ce soir. On ne peut que souligner tout d’abord la même qualité de diction grâce à laquelle la mezzo française déclame, murmure, susurre même les mots des trois poèmes de Klingsor mis en musique par le génial Ravel. On regrettera néanmoins une certaine froideur, la voix parfois éthérée tenant parfois un peu trop à distance les émotions que Stéphanie d’Oustrac savait empoigner et vivre pleinement: une vraie (et passionnante) différence de tempéraments qui témoignent l’un comme l’autre de l’excellence de ces deux grandes artistes. L’orchestre ne s’en tient pas pour sa part au seul rôle d’écrin, sachant accompagner merveilleusement la voix (la flûte solo dans «La Flûte enchantée», la clarinette et le cor anglais dans «L’Indifférent»), instillant des atmosphères toutes plus rêveuses les unes que les autres. Autant dire que le second volet de cet hommage à Debussy (avec La Mer, le jeudi 5 avril en ces mêmes lieux) s’avère des plus prometteurs.

Le site de Karine Deshayes



Sébastien Gauthier

 

 

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