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Des canyons aux oiseaux... Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
03/18/2018 - et 16 (Paris), 21 (Luxembourg), 23 (Luzern) mars 2018
Olivier Messiaen: Des canyons aux étoiles...
Hidéki Nagano (piano), Jean-Christophe Vervoitte (cor), Gilles Durot (glockenspiel), Samuel Favre (xylorimba), Ann Veronica Janssens (effets lumineux)
Lucerne Academy Alumni, Ensemble Intercontemporain, Matthias Pintscher (direction)
M. Pintscher (© Franck Ferville)
En ce glacial dimanche après-midi de mars, le Klarafestival se poursuit avec un concert de l’Ensemble intercontemporain, à 17 heures, dans la salle Henry Le Bœuf. Un horaire plutôt inhabituel, au Bozar, mais cela n’explique probablement pas que le public soit si parsemé. Il est clair que Messiaen ne figure pas – encore – au grand répertoire du XXe siècle, celui qui attire la foule. Le programme ne comporte qu’une seule œuvre, Des canyons aux étoiles... (1971-1974), qui illustre de manière très représentative le langage personnel, mais complexe, du grand compositeur disparu en 1992.
A cette occasion, des jeunes musiciens des Lucerne Academy Alumni viennent renforcer l’ensemble parisien placé depuis 2013 sous la direction musicale de Matthias Pintscher. Les quatre solistes, au piano, au cor, au glockenspiel et au xylorimba, figurent depuis de nombreuses années parmi les membres de cet orchestre fondé par Boulez en 1976. Ann Veronica Janssens a conçu un dispositif lumineux, une projection de disques de couleur, de diamètre et d’intensité variables sur les murs et le plafond, mais il présente un intérêt vraiment limité, hormis pour les rares personnes capable de synesthésie – y en avait-il, d’ailleurs, dans la salle ?
De toute façon, les solistes offrent bien plus de choses intéressantes à admirer, à commencer par la performance du pianiste, Hidéki Nagano : véloce et agile, capable autant de puissance que de nuance, il développe une sonorité riche et colorée tout en restant imperturbable, comme si rien ne peut lui arriver. Le corniste, Jean-Christophe Vervoitte, joue, lui-aussi, avec une maîtrise absolue, clamant sa partie avec grandeur et éloquence. Gilles Durot au glockenspiel et Samuel Favre au xylorimba se montrent impressionnants de versatilité et de délicatesse.
Les autres membres excellent dans la reproduction des surprenants effets sonores voulus par Messiaen. L’orchestre développe un jeu collectif objectif et transparent, mais il préserve la dimension évocatrice de cette longue succession de séquences comportant de nombreuses imitations de chants d’oiseaux. La direction de Pintscher reste toujours attentive à la rigueur rythmique, composant essentiel de cette musique sans doute difficile d’accès pour beaucoup, mais tellement personnelle et singulière.
Le site de l’Ensemble intercontemporain
Sébastien Foucart
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