About us / Contact

The Classical Music Network

Berlin

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Histoires de familles

Berlin
Philharmonie
03/05/2018 -  et 3 (Potsdam), 4 (Kiel), 20 (Dortmund) mars 2018
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 12 en sol majeur, K. 75b [110]
Carl Philipp Stamitz : Concerto pour clarinette n° 7 en mi bémol majeur
Johann Christian Cannabich : Symphonie n° 49 en fa majeur, opus 10 n° 4
Johann Wenzel Anton Stamitz : Concerto pour clarinette en si bémol majeur
Franz Danzi : Fantaisie sur «Là ci darem la mano»

Kammerakademie Potsdam, Yuki Kasai (premier violon et direction), Andreas Ottensamer (clarinette et direction)


A. Ottensamer (© Katja Ruge/Decca)


Nouvelle coqueluche du monde de la musique classique, fils et frère de clarinettistes solos du Philharmonique de Vienne (Ernst, soudainement disparu en juillet 2017 d’un infarctus, et Daniel), lui-même clarinettiste solo du Philharmonique de Berlin depuis 2011 aux côtés de son acolyte Wenzel Fuchs, physique de play-boy et grand adepte des réseaux sociaux, Andreas Ottensamer (né en 1989) a tout de la star que s’arrachent les médias aussi bien dans la rubrique «musique» que dans les pages people... C’est donc avec un certain étonnement que l’on aura assisté à un concert dans une salle à moitié pleine, la Kammermusiksaal (réplique en miniature de la «grande» Philharmonie, inaugurée par Les Quatre Saisons données en octobre 1987 par Anne-Sophie Mutter et le Philharmonique de Berlin sous la direction de Herbert von Karajan) comptant tout de même près de 1200 places. Comme quoi un marketing bien rodé ne suffit pas toujours.


Dans le cadre de la sortie d’un nouveau disque intitulé «New Era» (le premier édité chez Decca) que reprenait en partie le programme du présent concert et d’une tournée européenne, Andreas Ottensamer a choisi de rappeler à notre bon souvenir quelques exemples de la musique concertante pour clarinette de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Car, même si le chalumeau avait depuis longtemps été adopté par certains compositeurs (à commencer par Telemann et Vivaldi), la clarinette, inventée par un certain Denner, facteur d’instruments de Nuremberg, n’a véritablement éclos que dans les années 1750. Utilisée semble-t-il pour la première fois par Rameau dans Les Boréades, elle a rapidement conquis ses lettres de noblesse, enrichie dans les années 1830 par la mise au point du système Boehm, qui a ainsi considérablement étendu sa tessiture. Mozart bien sûr, Weber un peu plus tard, mais aussi Beethoven (son fameux Septuor opus 20 et son non moins superbe Sextuor opus 71) ont ainsi eu recours à cet instrument dont les solistes-phares s’appelaient à leur époque Anton Stadler et Heinrich Baermann.


Parmi les compositeurs ayant fait de la clarinette un de leurs instruments de prédilection figure en bonne place Stamitz... ou plutôt la famille Stamitz! Car dans la famille Stamitz, je demande tout d’abord le père: Johann (1717-1757), violoniste de formation, et auteur du second concerto pour clarinette entendu lors du concert. Dans la famille Stamitz, je demande ensuite le fils, Carl (1745-1801), le plus connu, auteur de nombreuses symphonies et concertos pour clarinette, ayant composé le premier du programme de ce soir. Enfin, dans la famille Stamitz, je demande Anton (1750-1800), le second fils, frère cadet de Carl, qui est connu pour avoir été membre de l’Orchestre de la Cour de Mannheim (sous la direction d’un certain... Johann Christian Cannabich, dont le père, Martin Friedrich, fut lui-même l’élève de... Johann Stamitz, le père donc... Vous suivez toujours?) avant de décéder à Versailles ou à Paris, l’incertitude demeurant à ce sujet.


Dans chacun des deux concertos, Andreas Ottensamer affiche une maîtrise quasi totale, se jouant des effets techniques comme d’une guigne. Sans que ces partitions présentent une grande originalité pour des œuvres concertantes de cette époque (montées rapides, descentes tout aussi véloces, passages requérant un art quasi diabolique du détaché, une cadence par mouvement permettant de faire briller un instrument qui avait déjà fait montre de ses qualités), elles offrent une écoute des plus agréables que surent parfaitement retranscrire le soliste et l’orchestre. L’excellente entente entre les deux, Ottensamer dirigeant les musiciens et les relançant toujours à bon escient, fit mouche, notamment dans le magnifique Poco presto concluant le Concerto en si bémol de Johann Stamitz (le père, souvenez-vous!). Le résultat fut tout aussi excellent dans la Fantaisie de Franz Danzi, reprenant là un exercice assez classique dans la mesure où, par exemple, Beethoven lui-même a composé des Variations sur «Là ci darem la mano» pour hautbois, clarinette et basson. S’il est vrai que le célèbre thème apparaît à deux reprises, il s’agit surtout d’un prétexte pour Danzi de montrer ce qu’il peut faire faire à un clarinettiste de talent; ici encore, Ottensamer montre qu’il n’est pas soliste des Berliner Philharmoniker pour rien...


On va bientôt croire que l’excellente Académie de chambre de Potsdam est spécialisée dans l’accompagnement des solistes du Philharmonique de Berlin puisqu’on avait déjà pu apprécier ses talents à la faveur des excellents concert
et disque où le flûtiste Emmanuel Pahud rendait hommage à la cour et aux goûts musicaux de Frédéric II de Prusse. Ce serait lui faire injure que de la cantonner au seul rôle d’accompagnatrice! D’emblée, sous la houlette de la Konzertmeisterin Yuki Kasai, les vingt-huit musiciens de l’ensemble donnèrent une interprétation haute en couleurs de la Douzième Symphonie de Mozart. Grâce à l’excellente acoustique de la salle, les sons fusent, l’orchestre faisant preuve d’une fraîcheur et d’une spontanéité en totale adéquation avec une œuvre composée par un petit génie de quinze ans. Mais c’est sans doute dans la symphonie de Cannabich que l’orchestre fut le meilleur, son répertoire de prédilection étant composé de toutes ces œuvres propres au Sturm und Drang que surent également illustrer Vanhal, Haydn ou Richter. Les traits sont nets, les sonorités flatteuses (soulignons l’excellence des deux hautboïstes et des deux cornistes, ces derniers jouant sur des instruments modernes mais à la facture ancienne puisque sans pistons): l’ensemble est de qualité, c’est certain. Si le troisième mouvement fut excellent, on aura finalement surtout retenu le magnifique Allegro spiritoso introductif où l’énergie de Yuki Kasai fit merveille.


Le site d’Andreas Ottensamer
Le site de l’Académie de chambre de Potsdam



Sébastien Gauthier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com