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Trop confortable

Vienna
Konzerthaus
03/04/2018 -  
Bohuslav Martinů : Quatuor n° 3, H. 183
Antonín Dvorák : Quatuor n° 12 «Américain», opus 96, B. 179
Johannes Brahms: Quatuor n° 2, opus 51 n° 2

Quatuor Eos: Willy Büchler, Christian Blasl (violons), Roman Bernhart (alto), Andreas Pokorny (violoncelle)


A. Pokorny, R. Bernhart, C. Blasl, W. Büchler
www.lukasbeck.com)



Voici vingt-six ans que le Quatuor Eos, dont les membres appartiennent tous à l’Orchestre symphonique de Vienne, a été créé – et cela fait presqu’autant d’années qu’il se produit dans la petite salle Schubert de 320 places au Konzerthaus (72 représentations depuis 1994 tout de même). Autant dire que les musiciens se sentent chez eux, avec leur public. Il y a quelque chose de suranné et confortable dans leur manière de jouer – avec le beau son, bien dans la tradition viennoise, du premier violon Willy Büchler, à la fois chaleureux dans le grain du timbre et léger dans la vitesse de l’archet. Le vibrato généreux, la balance favorisant les deux instruments extrêmes: on pourrait facilement se sentir revenir quelques décennies en arrière.


Cela fonctionne plutôt bien lorsque la partition est d’un lyrisme simple – une mélodie et un accompagnement – comme dans le mouvement lent du Quatuor «Américain», ou bien les variations franchement caractérisées du Molto vivace, ainsi que dans le quatuor de Martinů, où les musiciens capturent efficacement la motorique du premier mouvement, et font circuler les lignes mélodiques entre pupitres dans l’Andante qui suit.


On se heurte cependant à des limites quand la musique se complexifie : cela passe encore dans Dvořák, où l’impression de tomber à pied joint dans une modulation sans crier gare ne nuit pas à la lisibilité globale de l’œuvre; mais cela est plus rédhibitoire dans Brahms, lorsque les lignes intérieures sont masquées par une lecture un peu épaisse et notoirement académique. On a trop souvent l’impression de voir les interprètes suivre superficiellement la partition plutôt que la sonder. L’image du compositeur grand-père barbu et tranquille ne sera surement pas remise en cause dans cette interprétation qui laisse tout le monde, musiciens et auditeurs, confortablement calés au fond de leur chaise.



Dimitri Finker

 

 

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