About us / Contact

The Classical Music Network

Antwerp

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Vision de chorégraphes

Antwerp
Opera Vlaanderen
02/02/2018 -  t 4*, 6, 8, 10, 13 (Antwerpen), 23, 25, 27 février, 1er, 3, 4 mars (Gent) 2018
Claude Debussy: Pelléas et Mélisande
Mari Eriksmoen (Mélisande), Jacques Imbrailo (Pelléas), Leigh Melrose (Golaud), Matthew Best (Arkel), Susan Maclean (Geneviève), Anat Edri (Yniold), Markus Suihkonen (Le docteur, Le berger), Ballet Vlaanderen: Shawn Ahern, Matt Foley, Jason Kittelberger, Joseph Kudra, Morgan Lugo, Robbie Moore, Oscar Ramos, Jonas Vandekerckhove (danseurs)
Koor Opera Vlaanderen, Jan Schweiger (chef de chœur), Symfonisch Orkest Opera Vlaanderen, Alejo Pérez (direction)
Sidi Larbi Cherkaoui, Damien Jalet (mise en scène, chorégraphie), Marina Abramovic (décor), Marco Brambilla (vidéo), Iris van Herpen (costumes), Urs Schönebaum (lumières)


(© Rahi Rezvani)


A l’Opéra des Flandres, la saison se poursuit avec Pelléas et Mélisande (1902) de Debussy, mort il y a cent ans. Grâce à une heureuse conjonction de talents, cette nouvelle production rachète le piètre Falstaff monté fin de l’année passée à Anvers et repris le mois dernier à Gand.


Collaborant ensemble depuis dix-huit ans, Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet signent une mise en scène fortement symbolique. Sombre et épuré, intemporel et insituable, le décor formé de cercles suggère quelque forteresse obscure et abstraite. Ce concept assez original et personnel se caractérise par ses admirables effets visuels, produits notamment par une belle vidéo montrant la nuit et le cosmos, la transformation laissant parfois apparaître un œil gigantesque. Et c’est la modiste Iris van Herpen qui dessine les superbes costumes, sobres et élégants. Exclusivement masculine, la chorégraphie constitue un élément central du projet. Les huit danseurs du Ballet des Flandres aux corps musculeux et parfois tourmentés livrent une performance intense et bénéficient même dans le programme de leur propre notice biographique. Tantôt signifiante, tantôt envahissante, les figures chorégraphiques s’accordent plutôt bien à la musique, tandis que la direction d’acteur explore la psychologie des personnages en contournant le piège du statisme. Ces deux disciplines, la danse et le théâtre, se rejoignent ainsi harmonieusement.


Les prestations vocales balaient rapidement nos craintes quant à la prononciation, meilleure que prévu, ce que la lecture de la distribution ne laisse pas présager. Le chant se hisse à un niveau des plus satisfaisants, malgré l’une ou l’autre réserve. Mélisande sensible, d’une beauté diaphane et d’une blondeur scandinave, Mari Eriksmoen impose une voix légère et savoureuse, la rayonnante soprano norvégienne réussissant sa prise de rôle, ce qui devrait l’inciter à le reprendre sur d’autres scènes en toute sérénité. Jacques Imbrailo possède un timbre adéquat pour Pelléas, clair et léger, mais si le baryton chante avec tenue et raffinement, le jeu scénique parait un peu emprunté.


Leigh Melrose explore les tourments de Golaud avec un incontestable sens dramatique, mais le baryton impose un timbre svelte et lumineux. Un instrument plus grave et une voix plus mordante conviendraient mieux, mais le chanteur parcourt sans faille toute la tessiture, livrant ainsi du frère de Pelléas une incarnation intense, bestiale même, mais assez stylée. Matthew Best caractérise Arkel avec justesse, mais la diction demeure perfectible, et le chant trahit quelque instabilité, ce qui participe en même temps à la composition du roi d’Allemonde. Susan Maclean ne marque guère de son empreinte le rôle bref de Geneviève, tandis qu’Anat Edri charme en Yniold par sa physionomie masculine et sa voix fruitée.


Alejo Pérez épouse étroitement le drame, sans relâche, avec un remarquable sens du timbre et de la tension. Malgré quelques passages rigides et épais, cet orchestre capable de puissance et de délicatesse sonne avec densité et clarté sous la direction compétente et inspirée du chef argentin qui évite aux chanteurs de lutter contre la fosse.



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com