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La limite de l’utopie

Geneva
Batiment des forces motrices
01/30/2018 -  
Manuel de Falla: El amor brujo
Robert Schumann: Concerto pour piano, opus 54 Improvisations jazz sur des arrangements de Jonathan Keren

Thomas Enhco, Shai Maestro (piano), Ziv Ravitz (batterie), Emile Parisien (saxophone)
Geneva Camerata, David Greilsammer (piano et direction)


T. Enhco (© Maxime de Bollivier)


Créé en 2013, l’ensemble à géométrie variable de David Greilsammer continue ses aventures et explorations. L’originalité de cet ensemble est d’être constitué d’instrumentistes capables de pouvoir aussi bien jouer le répertoire baroque avec des instruments et pratiques d’époque que de s’attaquer aux créations contemporaines. Au fil des saisons et peut-être porté par des premiers succès, les risques artistiques ont payé et ont permis de fidéliser le public et faire venir des artistes de talent et de renom. Mais cet exercice a des limites. Les répertoires explorés se sont étendus et cette soirée devrait être une occasion aux musiciens de se demander s’il ne faudrait pas chercher tant de versatilité.


Peut-on ainsi jouer une pièce aussi flamboyante que L’Amour sorcier de Falla avec un orchestre aux forces réduites ? La splendeur sonore que demande cette œuvre ne peut être rendue. Les cordes manquent de couleur et de relief. Les instrumentistes ne sont pas à leur aise dans les tempos un peu retenus choisis par le chef et ne tiennent pas le son sur des phrases trop longues. Les tutti sont mal équilibrés et trop souvent dominés par les vents. Dans les passages rapides, la justesse des cordes est mise à mal... C’est fondamentalement une pièce écrite pour un orchestre symphonique.


David Greilsammer est tout à fait à sa place en tant que soliste dans le Concerto pour piano de Schumann. Mais est-ce que l’on peut diriger et jouer la partie soliste dans une œuvre aussi exigeante et où les musiciens cherchent l’expression par de nombreux rubatos ? Il ne s’agit pas d’un Mozart où une fois la pulsation lancée, le soliste peut jouer et diriger avec naturel. Les passages où le tempo reste stable trouvent un certain relief mais les nombreux changements de tempi mettent les musiciens, pianiste et orchestre, trop souvent en danger. A nouveau, fallait-il se lancer dans un tel challenge et fallait-il dans une seule soirée multiplier les styles différents et faire un programme aussi long ?


La seconde partie est plus réussie. David Greilsammer fait venir avec un plaisir évident ses complices que sont Thomas Enhco et Shai Maestro au piano, Ziv Ravitz à la batterie et Emile Parisien au saxophone. Les pièces de jazz sont accompagnées par l’orchestre et les arrangements de Jonathan Keren sont mieux adaptés aux possibilités de l’orchestre. La mise en place et les couleurs sont plus satisfaisantes. Enfin, il y a un chef attentif à ses solistes. Tout en venant du monde du jazz, les deux talentueux pianistes montrent à quel point il est possible d’avoir des styles différents. Thomas Enhco a une sonorité discrète et laisse lentement monter la tension, Shai Maestro a une intensité et un sens du rythme plus naturels. Saluons la contribution du batteur Ziv Ravitz et l’atmosphère des passages en trio piano, batterie et contrebasse. Le jazz est bien vivant avec de tels musiciens et il faut s’en féliciter.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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